masse, et à se prêter, malgré leur excessive grandeur,
à toutes les opérations nécessaires pour les saisir et
pour les attacher.
Lorsque les liusos sont très-grands, on est, en effet,
obligé de prendre des précautions contre les coups
qu’ils peuvent donner avec leur queue : il faut avoir
recours à ces précautions lors même qu’ils sont hors
de l’eau et gisans sur le sable; et on doit alors cher-,
cher d’autant plus à arrêter les mouvemens de cette
queue très-longue par les liens dont on l’entoure , que
leur puissance musculaire, quoiqu’inférieure à celle
des squales, ne peut qu’être dangereuse dans des individus
de plus de vingt pieds de long, et que les plaques
dures et relevées qui revêtent l’extrémité: postérieure
du corps sont trop séparées les unes des autres pour
en diminuer la mobilité, et ne pas ajouter par leur
nature et par leur forme à la force du coup.
D’ailleurs la rapidité des mouvemens n’est point ralentie
dans le huso , non plus que dans les autres acipen-
sères, par les vertèbres cartilagineuses qui composent
l’épine dorsale, et dont la suite s’étend jusqu a l’extrémité
de la queue. Ces vertèbres se prêtent, par leur
peu de dureté et par leur conformation, anx diverses
inflexions que l’animal veut imprimer à sa queue J et
à la vitesse avec laquelle il tend à les exécuter.
Cette chaîne de vertèbres cartilagineuses , qui règne
depuis la tète jusqu’au bout de la queue, présente,
comme dans les autres poissons du même genre, trois
petits canaux, trois cavités longitudinales*. La supérieure
renferme la moëlle épinière, et la seconde contient
une matière tenace, susceptible de se durcir par
la cuisson, qui commence à la base du crâne, et que
l’on retrouve encore auprès de la nageoire caudale.
C est au dessous de cette épine dorsale qu’est située
la vésicule aérienne, qui est simple et conique, qui a
sa pointe tournée vers la queue, et qui sert à faire,
sur les bords de la mer Caspienne et des fleuves qui y
versent leurs eaux, cette colle de poisson si recherchée,
que l’on distribue dans toute l’Europe, et que l’on y
vend à un prix considérable. - Les diverses opérations
que l’on emploie, dans cette partie de la Russie, pour la
préparation de cette colle si estimée, se réduisent à
plonger les vésicules aériennes dans l’eau, à les j séparer
avec soin de leur peau extérieure et du sang
dont elles peuvent être salies, à les couper en long,
à les renfermer dans une toile, à les ramollir entre
les mains, a les façonner en tablettes ou en espèces de
petits cylindres recourbés, à les percer pour les suspendre,
et à les exposer pour les faire sécher à une
chaleur modérée et plus douce que celle du soleil.
Cette colle, connue depuis long-temps sous le nom
d ichthyocolle, ou de colle de poisson,~et qui a fait donner
au huso le nom à'ichthyocolle, a été souvent em-
plojée dans la médecine contre la dyssenterie, les
* M vsig li, ouvrage déjà cité.