origine jusqu à ces aiguillons, la queue est un peu
aplatie, blanche par-dessous, et rougeâtre dans sa partie
supérieure , où l’on voit régner deux petites bandes
bleues et longitudinales; et depuis les piquans jusqu’à
son extrémité, qui est blanche et très-dçliée, elle est
toute bleue, comprimée par les côtés, et garnie en haut
et en bas d’une petite membrane frangée qui représente
une nageoire, et qui est plus large au dessous qu’au
dessus de la queue.
La ljmme n’a point de nageoire dorsale; et par-là elle
se rapproche plus de la pastenaque, qui en est dénuée,
que de la raie aigle, qui en présente une.
C’est à cette jolie espèce qu’il faut rapporter une raie
pêchée par Commerson aux environs des isles Praslin,
et a laquelle il a donné le nom de raie sans piquans *,
parce qu’en effet elle n’en présente aucun sur le dos,
non plus que les individus observés par Forskael. Ce
naturaliste a fait de cette raie sans aiguillon sur le corps
une description très-détaillée, qui fait partie des manuscrits
déposés dans le Muséum d’histoire naturelle,
et qui s’accorde presque dans tous les points avec celle
que nous.venons de donner d’après Forskael. La seule
différence entre ces deux descriptions, c’est que Commerson
parle d’une rangée de petits tubercules,'qui
* Raja lævisèteslaceo fuscescens, guttis cæruleis innumeris proijo cçrpore
sparsis, aculeis geminis in media cauda. Commerson y ouvrage manuscrit
sur la zoologie3 quatrième cahierx 1768.
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régné sur la partie la plus élevée du dos et s’étend jusqu
à la queue, et de deux autres tubercules semblables
à des verrues, et placés l’un d’un côté, et l’autre de
1,’autre de l’origine de cette dernière partie.
Au reste, parmi les individus qui ont été l’objet de
1 attention de Commerson, un avoit près de cinq décimètres
(un pied six pouces huit lignes) de longueur
totale; et l’on pourra voir dans cet ouvrage la figure
d’une lymme mâle et d’une lymme femelle, que nous
avons fait graver d’après les dessins originaux apportés
en France par ce vojageur célèbre. Nous nous sommes
déterminés d’autant plus aisément à enrichir de ces
deux figures l’histoire que nous décrivons, que l’on n’a
pas encore publié de planche représentant l’espèce qui
nous occupe. Au reste, nous ne croyons pas avoir besoin
de dire que le mâle est distingué de la femelle par
deux appendices placés auprès de l’anus, et semblables
à ceux que nous avons fait connoitre en traitant de la
bâtis.
La lymme, que quelques naturalistes ont crue confinée
dans la mer rouge, habite donc aussi une partie
de la mer des Indes. On doit la trouver dans d’autres
mers, sur-tout aux environs des tropiques ; et en effet
il vient d’arriver de Cayenne, au Muséum d’histoire
naturelle, une petite collection de poissons parmi lesquels
j’ai reconnu un individu de l’espèce de la lymme.
Ces poissons ont été envoyés par le citoyen Le Blond,
voyageur naturaliste, qui nous a appris, dans des notes
t o m e 1,