chaque côté de leur base, d’une pointe assez grande;
•elles ressemblent beaucoup à celles du squale roussette:
mais il est aisé de les en distinguer, parce que celles de
la roussette sont dentelées, et que si celles de l’aiguillat
le sont, ce n’est que légèrement, et lorsque l’animal
est déjà très-développé.
La ligne latérale est droite. La première -nageoire
dorsale est presque aussi avancée vers la tête que les
pectorales ; la seconde l’est plus vers le bout dte la queue
que les ventrales : l’une et l’autre sont armée.s, dans la
partie antérieure de leur base, d’un aiguillon ou premier
rayon épineux très-dur, très-fort, blanc, et presque
triangulaire. Cet aiguillon dont chaque nageoire dorsale
est garnie, est formé dans le foetus, de manière à
être très-sensible , quoiqu’un peu.mou. On a prétendu
que ce dard ëtoit venimeux. .Nous avons vu que l’on
avoit attribué la même qualité vénéneuse aux piquans
des raies aigle et pastenaque. Laiguillat, non plus que
ces raies, ne contient cependant aucun poison; mais ce
sont des effets semblables à ceux qu’on éprouve lorsqu’on
a été blessé par l’arme de la raie aigle ou de la
pastenaque, qui ont fait penser que celle de l’aiguilkt
éêoît empoisonnée-
Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que des
piquans semblables à ceux de ce dernier poisson sont
placés auprès des nageoires dorsales du squale philipp.
L’extrémité de la queue de laiguillat est comme engagée
dans une nageoire divisée en deux lobes, dont le
supérieur est le plus long.
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Au reste, toutes les nageoires sont noirâtres. Le dessus
du corps est d’un noirâtre tirant sur le bleu, et
relevé par des taches blanches plus nombreuses dans
les jeunes individus : le dessous est blanc, et les côtés
sont blanchâtres avec quelques nuances de violet ; et
des rides où sillons dirigés obliquement vers la ligne
latérale, les uns de haut en bas, et les autres de bas en
haut, sy réunissent de manière à y former des angles
saillans tournés vers la tête.
La chair de laiguillat est filamenteuse, dure, et peu
agréable au goût; mais il est des pays du nord de l’Europe
où le jaune de ses oeufs est très-recherché. Sa peau
est aussi emplojée dans les arts, et y sert aux mêmes
usages que celles du requin et de la roussette.
C’est évidemment à cette espèce qu’il faut rapporter
le squale décrit sous le nom de tollo et de stjualusJer-
nandinus, dans VEssai sur l’histoire naturelle du Chili, par
Molina *, et qui ne diffère de l’aiguillat par aucun caractère
constant. Ce sont les piquans de ce squale, que
les habitans du Chili regardent comme un spécifique
contre lé mal de dents, pourvu qu’on en appuie la
pointe contre la dent malade : il seroit superflu de faire
observer combien leur confiance est peu fondée.
* Squalus pinnâ anali nûl|a| dorsalibus spinosis, corpore tereti ocellato.
Molina, etc. p. 208.
Squale dit tollo au Chili. Note communiquée par le célèbre^yoyageur
Dombey, qui a péri victime de son zèle pour les progrès des sciences naturelles.
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