pour débarrasser l'eau renfermée dans laquelle ils
vivent, de tous les miasmes produits par leurs propres
émanations, ou par le séjour d’animaux ou de végétaux
corrompus, que pour leur rendre l’air atmosphérique
dont ils n’ont aucun besoin? N’est-ce pas pour une raison
analogue qu’on est obligé de renouveler de temps en
temps, et sur-tout pendant les grandes chaleurs, l’eau
des vases dans lesquels on garde de ces- animaux? Et
enfin, l’hypothèse que nous indiquons n’a-t-elle pas été
pressentie par J. Mayow, ce chyniiste anglois de la fin
du dix-septième siècle, qui a deviné, pour ainsi dire,
plusieurs des brillantes découvertes de la cbymie moderne
, ainsi que l’a fait observer, dans un mémoire
lu il j a près de deux ans à rinstitut national de France,
le citoyen Foureroy, l’un de ceux qui ont le plus
contribué à fonder et à étendre la nouvelle théorie
ehynaiqtie *.
Mais n’insisjtons pas davantage sur de pures conjectures^
contentons-nous d’avoir indiqué aux ehymistes
et aux physiciens un beau sujet de travail, et ne donnons
une grande place dans le tableau dont nous nous
occupons, qu’aux traits dont nous croirons être sûrs
de la fidélité.
Plusieurs espèces de poissons, telles que les balistes
, * Atque hinc est quod pisces aquam , perinde ut animalia terres tria
auram vulgarem, vicibns perpetuis hauriant egerintque ; quo videlicet oereum
aliquot vitale, ab aqua, veluti alias ab aura secretum, in cruoris massam.
trajiciatüE. ( J . Mayow,, traité i , ch, 192, p. 229. La Haye, 1681.)
SUR LÀ NATURE d e s p o i s s o n s , cyij
et les tétrodons *, jouissent d’une seconde propriété
très-remarquable, qui leur donne une grande facilité
pour s’élever ou s’abaisser au milieu du fluide qu’ils
préfèrent : ils peuvent, à leur volonté et avec une rapidité
assez grande, gonfler la partie inferieure de
leur ventre, y introduire un gaz plus léger que l’eau,
et donner ainsi à leur ensemble un accroissement de
volume, qui diminue leur pesanteur spécifique. Il en
est de cette faculté comme de celle de dilater la vessie
natatoire ; toutes les deux sont bien plus utiles aux
poissons au milieu des mers qu’au milieu des fleuves et
des rivières, parce que l’eau-des mers étant salée, et par
•conséquent plus pesante que l’eau des rivières et des
fleuves , qui est douce, les animaux que nous examinons
peuvent avec moins d’efforts se donner, lorsqu’ils
nagent dans la mer, une lëgéreté égale ou supérieure
à celle du fluide dans lequel ils sont plongés.
Il 11e suffit cependant pas aux poissons de monter et
de descendre; il faut encore qu’ils puissent exécuter
des mouvemens vers tous les points de l’horizon, afin
qu en combinant ces mouvemens avec leurs ascensions
et leurs descentes, ils s’avancent dans toute sorte de
directions perpendiculaires, inclinées ou parallèles à
la surface des eaux. C’est principalement à leur queue
qu’ils doivent la faculté de se mouvoir ainsi dans tous
les sens ; c’est cette partie de leur corps , que nous
Voyez, -dans ce volume, l’histoire des tétrodons et celle des balistes♦