ensuite les ressources de la ruse qui supplée au pouvoir.
Toutes ees finesses d’un instinct assez étendu, et ces
armes redoutables d’énormes espèces, nous les avons
vues également employées pour attaquer de nombreux
ennemis, pour saisir une proie abondante, pour vaincre
des résistances violentes. Le genre des balistes va maintenant
déployer devant nous des moyens multipliés de
défense : mais nous chercherons en vain dans cette
famille tranquille cette conformation intérieure qui
donne le besoin d’assaillir des adversaires dangereux,
et çes formes extérieures qui assurent le succès. En
répandant dans le sein des mers les lophies et les
squales, la nature y a semé et des périls cachés, et
dès''dangers évidens, souvent inévitables : on diroit
que, suspendant son souffle créateur, et réagissant en
quelque sorte contre elle-même, elle a eu la destruction
pour but, lorsqu’elle a produit les squales et les
lophies. En plaçant au contraire les balistes au milieu
de ces mêmes mers, elle paroît avoir repris plus que
jamais l’exercice de sa puissance vivifiante, et ne l’avoir
dirigée que vers la conservation. Ce ne sont pas des
animaux impétueux; qu’elle a armés pour les combats,
mais des êtres paisibles qu’elle a munis pour leur sûreté.
Aussi, lorsque nous retirons nos regards de dessus les
genres que nous venons d’examiner, lorsque nous cessons
d’observer et leurs diverses embuscades et leurs
attaques à force ouverte, lorsque sur-tout, nous dégageant
du milieu des requins et des autres squales
très-grands et très-voraces, nous ne voyons plus les
flots de la mer rougis par le sang de nombreuses victimes,
ou des gouflres animés et insatiables engloutissant
à chaque instant une nouvelle proie, et que nous
arrêtons notre vue sur cette famille des balistes, que la
nature a si favorablement traitée, puisqu’elle a été
destinée à ne faire ni recevoir aucune offense, à n’inspirer
ni éprouver aucune crainte, nous ressentons une
affection un peu voisine du sentiment auquel se livrent
avec tant d’attraits ceux qui, parcourant l’histoire des
actes de 1 espècë humaine, soulagent par la douce
contemplation des époques de vertu et de bonheur leur
coeur tourmenté par le spectacle des temps d’infortunes
et de crimes.
Le contraste offert par les genres que" nous venons
d’examiner, et par celui qui se présente à nous, est
d autant plus marqué, :et la sensation qu’il fait naître
est d autant plus vive , que rien ne répugne ni à l’oeil
ni à 1 esprit dans la considération de cette intéressante
famille des balistes. Si elle ne recherche pas les combats,
elle ne fuit pas lâchement, même devant des ennemis
très-supérieurs en force; elle se défend avec courage; elle
use de toutes ses ressources avec adresse ; et elle a reçu
la plus brillante des parures. Nous ferons voir, en décrivant
les différentes espèces qui la composent, qu’elle
présente les couleurs les plus vives, les plus agréables,
et les mieux opposées. En dbsérvant même les balistes
les mieux traités à cet égard, on diroit que la distri