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et de la partie postérieure du corps ne doit-on pas
supposer, pour qu’un animal aussi gros et aussi pesant
puisse s’élever comme un.trait, à une aussi grande hauT
teur * ! Quelle preuve de la force que nous avons cru
devoir lui attribuer! Comment être surpris maintenant
des autres traits de l’histoire delà voracité des .requins?
Et tous les navigateurs ne savent-ils pas.quel danger
court un passager qui tombe dans la mer, auprès des
endroits les plus infestés par ces animaux? S’il s’efforce
de se sauver à la nage, bientôt il se sent saisi par un
de ces squales, qui l’entraîne au fond des ondes. Si l’ou
parvient à jeter jusqu a lui une corde secourable, et à
L’élever, au dessus des flots, le requin s’élance, et se
retourne avec tant de promptitude* que,- malgré la position
de louverture de sa bouche au dessous de son.
museau, il arrête le malheureux qui se crojoit.près de
lui échapper, le déchire en lambeaux., et le dévore aux
jeux de ses compagnons effrajés'. Oh! quels périls environnent
donc la vie de l’homme, et sur la terre* et,sur.
les ondes.' Et pourquoi iaut.-il.que ses.passions aveugles,
ajoutent à- chaque instant à ceux, qui le menacent?
On a vu quelquefois cependant, des .marins surpris,
par le requimau milieu de l’eau , profiter, pour s’échapper,
des effets, de cette situation de la bouche de ce
squale-dans la partie inférieure de sa tête, et de la
nécessité de se retourner, à laquelle cet animal est
* Dis coûts sur lu nature des poissons•
condamné par cette conformation, lorsqu’il veut saisir
les objets qui ne sont pas placés au dessous de lui.
C’est par une: suite de cette même nécessité que
lorsque les- requins- s’attaquent mutuellement, (car
comment des êtres aussi atroces , comment les tigres-
de la mer, pourroient-ffs conserver la paix entre eux?)
ils élèvent au-dessus de l’eau, et leur tête , et la partie
antérieure de leur corps ; et c’est alors-que , faisant briller
leurs jeux sanguinolens et enflammés de colère,
ils se portent des coups si terribles , que, suivant plusieurs
vojageurs., la surface des ondes en retentit au
loin*..
Un seul requin a suffi; près du banc de Terre-Neuve;
pour déranger toutes les opérations relatives à la pêche
de la morue, soit en se nourrissant d’une grande quantité
des morues que l’on avoit prises, -et* en éloignant :
plusieurs des autres , . soit en mordant aux appâts, et
en détruisant les lignes disposées par les pêcheurs.
Mais quel est donc le- moyen que l’on peut employer
pour délivrer les mers d’un squale aussi dangereux?
Il j a sur les-côtes d’Afrique des nègres assez hardis
pour s’avancer en nageant vers un requin, le harceler, ,
prendre le moment où l’animal se retourne, et lui
fondre le ventre avec une arme tranchante;. Mais, dans
presque toutes les mers, on a recours à un-procédé-
moins périlleux pour pêcher le requin. Ou- préfère*
fN w S r particulièrement Basman, dans sa Description de. la Guinée,.