auquel le nom de glauque a été donné, et qui est semblable
à la Iiuance la plus ordinaire de toutes celles
que présentent les eaux de la mer lorsqu’elles ne sont
pas agitées par les vents, ni dorées par les rayons du
soleib Ce bien verdâtre est relevé par le blanc, éclatant
de la partie inférieure de l’animal; et comme les anciens
mythologues, et les poètes voisins des temps héroïques,
n’auvoient pas manqué de voir dans cette distribution
de couleurs la représentation du manteau d une divinité
de l’Océan, ils auroient d’autant plus adopté la
dénomination de glauque, employée parles naturalistes
pour désigner le squale dont nous lious, occupons,
qu’en indiquant la nuance qui est propre à sa peau,
elle leur auroit rappelé le nom de Glauçus, un de
leurs demijdieux marins. ; Mais- ce dieu de fonde étoit
pour les anciens une puissance tutélaire, en l’honneur
de laquelle on sacrifioit sur le rivage lorsqu’on a voit
évité la mort au milieu des tempêtes; et le squale
glauque est un être funeste, aux armes meurtrières
duquel on cherche à se soustraire. En effet, ce squale
a non seulement reçu la beauté, mais encore eu la
grandeur en partage. Il parvient ordinairement à la
longueuj de quinze pieds (près de cinq mètres);: et
suivant Pontoppidan, qui a écrit Y Histoire naturelle de
la Norwège, et qui a pu voir un très-grand nombre
d’individus de cette espèce, le squale glauque a quelquefois
dix brasses de longueur *; Il est d’ailleurs très-
* Suivant Ascagne, lorsqu’un squale glauque a buit pieds de long , il en a
quatre de circonférence, et il pèse deux cents livres.
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dangeretix, parce que sa couleur empêcîie qu’on ne le
distingue de loin au milieu des eaux, parce qu’il s’approche
a 1 improviste, et qu’il joint à la force due à sa
taille toute celle qu’il peut tenir d’une grande audace.
Plusieurs voyageurs, et particulièrement Plumier *,
lui ont appliqué en conséquence les dénominations que
la puissance redoutable, du requin a fait donner à ce
dernier, et ils l’ont nommé requiem et carcharias.
Ses dents triangulaires, plongées-et aiguës, ne sont
pas dentelées comme celles du requin, ni un peu coniques
comme celles du très-grand : on en trouve de
fossiles dans un très-grand nombre d’endroits ; et cela
ne doit pas surpreudre, puisque le glauque habite à
toutes les latitudes, depuis liste de l’Ascension jusques
aux mers polaires. Sa première nageoire dorsale est plus
près de la tête que les nageoires ventrales; il a une,fossette
sur la partie supérieure de l’extrémité de la queue ;
le lobe supérieur de la nageoire caudale est trois fois
plus long que 1 inférieur; et sa peau est moins rude que
celle de presque tous les autres squales.
* Dessins sur vélin déjà cités. *