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l’ouverture de la bouche s'étend d’un côté de la tête a
l’autre, presque dans l’endroit où cette dernière partie
a le plus de largeur , et que cette même tête est très-
grande relativement au volume du corps qu’elle déborde
des deux côtés.
C’est cet excès de grandeur du diamètre transversal
de la tête sur celui du corps, qui, réuni avec le contour
arrondi du devant du museau, forme le caractère spécifique
de la baudroie.
L’ouverture de la bouche est d’ailleurs placée dans la
partie supérieure du museau; et, par conséquent, la
mâchoire inférieure est la plus avancée.
Derrière la lèvre supérieure, On voit les narines. Elles
présentent dans la baudroie une conformation particulière.
Les membranes qui composent l’organe de l’odorat,
ou l’intérieur de ces narines, sont renfermées dans
une espèce de calice à ouverture étroite, que soutient
une sorte de pédoncule; le nerf olfactif parcourt la partie
interne de ces pédoncules pour aller se déployer sur
la surface des membranes contenues dans le creux du
calice; et cette coupe, un peu mobile sur-sa tige, peut
se tourner à la volonté de l’animal contre les courans
odorans, et rendre plus forte l’impression des odeurs
sur l’organe de la baudroie.
L’organe de l’ouie de cette grande lophie a beaucoup
plus de rapports avec celui des poissons osseux qu’avec
celui des raies et des squales*; la cavité qui le contient
* Discours sur la nature des "poissons.
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u est pas séparée de celle du cerveau par une cloison
cartilagineuse comme dans les squales et les raies, mais
par une simple membrane. De plus, les trois canaux
nommés demi-circulaires, qui composent une des principales
portions de cet organe, communiquent ensemble;
et, dans l’endroit où leur réunion s’opère, on voit un osselet
particulier, que l’on retrouve dans le brochet, que
Scarpa a découvert dans l’anguille, dans la morue, dans
la truite, et qu’il soupçonne dans tous les poissons
osseux*.
L’ouverture branchiale est unique de chaque côté; et
ce caractère, qui est commun à toutes les lophies, est un
de.ceux qui servent à distinguer le genre de ces animaux
de ceux des autres poissons, ainsi qu’on a pu le voir
dans le tableau méthodique de cette famille. On a pu
voir aussi, sur ce même tableau, que les lophies n’avoien t
pas d’opercule pour fermer leurs ouvertures branchiale^
mais qu’elles étoient pourvues d’une membrane des
branchies. Dans la baudroie, cette membrane est soutenue
par six rayons qui servent à la plier ou à la déployer,
pour ouvrir ou fermer l’orifice par lequel l’eau
de la mer peut pénétrer jusqu a l’organe respiratoire.
Cet organe ne consiste de chaque côté que dans trois
branchies engagées dans une membrane qui les fixe
' lus ou moins au corps de l’animal; et l’orifice en est
situé très-près de la nageoire pectorale, qui, dans certaines
positions, empêche de le distinguer avec facilité.
* Ouvrage de Scarpa déjà cité.