On posa une torpille vivante sur une .serviette mouil-
le'e. On suspendit au plancher, et avec des cordons de
soie, deux fils de laiton : tout le monde sait que le laiton,
ainsi que tous les métaux, est un très-bon conducteur
d’électricité, c’est-à-dire qu’il conduit on transmet facilement
le fluide électrique, et que la soie est au contraire
non conductrice, c’est-à-dire quelle oppose un
obstacle au passage de ce même fluide. Les fils de laiton,
employés par M. Walsh furent donc, par une suite de
leur suspension avec de la soie, isolés, ou, ce qui est
la même chose, séparés de toute substance perméable
à l’électricité; car l’air, au moins quand il est sec, est
aussi un très-mauvais conducteur électrique.
Auprès de la torpille étaient huit personnes disposées
ainsi que- nous allons le dire, et isolées par le
moyen de tabourets faits de matières non conductrices,
et sur lesquels elles etoient montées.
Un bout d’un des fils de iaiton étoit appuyé sur la serviette
mouillée qui soutenoit la torpille, et l’autre bout
aboutissoit dans un premier bassin plein d’eau*. La
première personne avoit un doigt d une main dans le
bassin .où étoit le fil de laiton , et un doigt de l’autre
main dans un second bassin également rempli d’eau;
la seconde personne tenoit un doigt dune main dans
le second bassin, et un doigt de l’autre main dans un
troisième; la troisième plongeoit un doigt dune main
dans le troisième bassin, et un doigt de l’autre main
' * Nous n’avons pas besoin d’ ajouter que l’eau est un excellent conducteur.
dans un quatrième, et ainsi de suite, les huit personnes
communiquoient Fune avec l’autre par le moyen de
l’eau contenue dans neuf bassins. Un bout du second
fil de laiton étoit plongé dans le neuvième bassin ; et
M. Walsh ayant pris l’autre bout de ce second fil métallique,
et l ’ayant fait toucher au dos de la torpille, il est
évident qu’il y eut à l’instant un cercle conducteur de
plusieurs pieds de contour, et formé sans interruption
par la surface inférieure de l’animal, la serviette mouillée,
le premier fil de laiton, le premier bassin, les huit
personnes , les huit autres bassins, le second fil de laiton.,
et le dos de la torpille. Aussi les huit personnes
ressentirent-elles soudain une commotion qui ne dif-
féroit de celle que fait éprouver une batterie électrique
que par sa moindre.force; et, de même que dans les
expériences que l’on tente avec celte batterie, M. Walsh,
qui ne faisoit pas partie du cercle déférent ou de la
chaîne conductrice, ne reçut aucun coup, quoique
beaucoup plus près de la raie que les huit personnes
du cercle.
Lorsque la torpille étoit isolée, elle faisoit éprouver à
plusieurs personnes’ isolées aussi quarante ou cinquante
secousses successives dans l’espace d’une minute
et demie : ces sécousses étaient toutes sensiblement
égales ; et chaque effort que faisoit l’animal pour donner
ces commotions, étoit accompagné d’une dépression
de ses yeux, qui, très-saillans dans leur état naturel,
rentruient alors dans leurs orbites, tandis que le reste