l ’huile. Mais c’est sur-tout le foie du requin qui leur
fournit cette huile qu’ils nomment thran, et dont un
seul foie peut donner un grand nombre de litres ou
pinte s *. .
On a écrit que la cervelle, des requins , séchée et mise
en poudre, étoit apéritive et diurétique. On a vanté les
vertus des dents de ces animaux, également réduites
en poudre, pour arrêter le cours du ventre, guérir les
hémorrhagies, provoquer les urines, détruire la pierre
dans la vessie; et ce sont ces mêmes dents de requin
qui, enchâssées dans des métaux plus ou moins précieux,
ont été portéesnn amulettes, pour calmer les douleurs
de dents, et préserver du plus.grand des maux, de celui
dé la peur. Ces amulettes ont entièrement perdu leur
crédit, et nous ne voyons aucune cause de différence
entre les propriétés de la poudre des dents ou de la
cervelle des requins, et celles de la cervelle desséchée
ou des dents broyées des autres poissons.
Malgré les divers usages auxquels les arts emploient
ia peau du requin, ce squale sereit donc peu recherché
dans les contrées où un climat tempéré, une population
nombreuse, et une industrie active, produisent en
abondance des alimens sains et agréables, si sa puissance
n’étoit pas très-dangereuse. Lorsqu’on lui tend
* Suivant Pontoppidam, auteur d’une Histoire naturelle de la Norwège,
J e foie d’un squale de vingt pieds de longueur fournit communément deux
Içnnes et demie d’iiuile.
des pièges, lorsqu’on s’avance pour le combattre, ce
n’est pas uniquement une proie utile que l’on cherche
à saisir, mais un ennemi acharné que l’on veut anéantir.
Il a le sort de tout ce qui inspire un grand effroi : on
l’attaque dès qu’on peut espérer de le vaincre; on le
poursuit, parce qu’on le redoute; il périt, parce qu’il
peut donner la mort et telle est en tout la destinée
des êtres dont la force paroît en quelque sorte sans
égale. De petits vers, de foibles ascarides, tourmentent
souvent dans son intérieur le plus énorme requin; ils
déchirent ses entrailles sans avoir rien à craindre de sa
puissance. D’autres animaux presque autant sans défense
relativement à sa force, des poissons mal armés,
tels que Yéchène rémora, peuvent aussi impunément
s’attacher à sa surface extérieure. Presque toujours, à
la vérité, sa peau dure et tuberculeuse l’empêche de
s’appercevoir de la présence de ces animaux : mais si
quelquefois ils s’accrochent à quelque partie plus sensible
, le requin fait de vains efforts pour échapper à la
douleur; et le poisson qui n’a presque reçu aucun
moyen de nuire, est pour lui au milieu des eaux ce
que l’aiguillon d’un seul insecte est pour le tigre le plus
furieux au milieu des sables ardens de l’Afrique.
Les requins de dix mètres, ou d’un peu plus de trente
pieds, de longueur, étant les plus grands des poissons
qui habitent la mer méditerranée, et surpassant par
leurs dimensions la plupart des cétacées que l’on voit
dans ses eaux, c’est vraisemblablement le squale dont
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