facilement ;i la hauteur de la surface de l’eau. Le huso
s engage dans la chambre par l’ouverture que lui offre
la digue; mais à peiné y est-il entré, que les pêcheurs,
placés sur 1 échafaud, laissent tomber une porte qui
lui interdit le retour vers la mer. On lève alors le fond
mobile de la chambre, et l’on se saisit facilement du
poisson. Pendant le jour, les acipensères qui pénètrent
dans la grande enceinte, avertissent les pêcheurs de
leur présence par le mouvement qu’ils sont forcés de
communiquer à des cordes suspendues à de petits
corps fîottans ; et pendant la nuit ils agitent nécessairement
d’autres; cordes disposées dans la chambre, et
les tirent assez pour faire tomber derrière eux la fermeture
dont nous venons de parler. Non seulement
ils sont pris-par la chute de cette porte, mais encore
cette fermeture, en s’enfonçant, fait sonner une cloche
qui avertit et peut éveiller le pêcheur resté en sentinelle
sur l’échafaud,
Le voyageur Gmelin, qui a parcouru différentes
contrées de la Russie, a décrit d’une manière très-
animée l’espèce de pèche solemnelle qui a lieu de
temps en temps, et au commencement de l’hiver, pour
prendre les husos retirés vers cette saison dans les cavernes
et les creux des rivages voisins d’Aslracan. On
réunit un grand nombre de pêcheurs; on rassemble
plusieurs petits bâtimens ; on se prépare comme pour
une opération militaire importante et bien ordonnée i
on s approche avec concert, et par des manoeuvres
régulières, des asyles dans lesquels les husos sont cachés
; on interdit avec sévérité le bruit le plus foible
non seulement aux pêcheurs, mais encore à tous ceux
qui peuvent naviguer auprès de la flotte; 011 observe
le plus profond silence ; et tout d’un coup, poussant de
grands cris, que les échos grossissent et multiplient,
on.agite 5 on. trouble ; on effraie si vivement les husos,
qu ils se précipitent en tumulte hors de leurs cavernes,
et vont tomber dans les filets de toute espèce tendus
ou préparés pour les recevoir.
Le museau des husos, comme celui de plusieurs cartilagineux,
et particulièrement d’un grand nombre de
squales, est tres-sensible à toute espèce d’attouchement.
Le dessous de leur corps, qui n’est revêtu que d’une
peau assez molle, et qui ne présente pas de boucliers,
comme leur partie supérieure, jouit aussi d’une assez
grande sensibilité; et Marsigli nous-apprend, dans son
Histoire du, Danube *, que les pêcheurs de ce fleuve se
sont servis de cette sensibilité du ventre et du museau
des husos, pour les prendre avec plus- de facilité. En
opposant a leur museau délicat des filets ou tout autre
corps capable de le blesser, ils ont souvent forcé ces
animaux à s’élancer sur le rivage; et lorsque ces acipensères
ont été à sec et étendus sur la grève, ils- ont
pu les contraindre, par les divers attouchemens qu’ils
ont fait éprouver à leur ventre, à retourner leur longue
* Marsigli, Histoire du Danube ^ tome iv.