insectes qu’elles ne peuvent pas attirer jusqu’à elles ï
presque tous les poissons emploient avec constance et
avec une sorte.d’habileté les ressources de la ruse; il
n’en est presque aucun qui ne tende des embûches à un
être plus foible ou moins attentif. Nous verrons particulièrement
ceux dont la tête est garnie'de petits fila-
rnens déliés et"nommés barbillons, se cacher souvent
dans la vase, sous les saillies des rochers, au milieu
des plantes marines, ne laisser-dépasser que ces barbillons
qu’ils agitent et qui ressemblent alors à de
petits vers , tâcher de séduire par ces appâts les
animaux marins ou fluviatiles qu’ils ne pourraient
atteindre en nageant qu’en s’exposant à de trop longues
fatigues, les attendre avec patience, et les saisir avec
promptitude au moment de leur'approche *. D’autres,
* Les acipensères qui ont plusieurs barbillons , peuvent se tenir d’autant
plus aisément cachés en partie sous des algues, ou de la vase, que je viens
de voir dans l’esturgeon , et que I’od trouvera vraisemblablement dans tous
les autres acipensères , deux évents analogues à celui des pétromyzons
ainsi qu’à ceux des raies et des squales. Chacun de ces’ deux évents consiste
dans un petit canal un peu demi-circulaire placé au devant de l ’opercule
des branchies, et situé de telle sorte, que son orifice externe est très-près
du bord supérieur de l’opercule , et que son ouverture interne est dans la
partie antérieure et supérieure de la cavité branchiale , auprès de l’angle
formé par le cartilage sur lequel l’opercule est attaché. Ces évents de
l ’esturgeon ont été observés par le citoyen Cuvier et par moi, sur un individu
d’environ deux mètres de longueur, dans lequel on a pu aussi distinguer
aisément de petites côtes cartilagineuses. Par ce double caractère, l’esturgeon
lie de plus près les raies et les squales avec les osseux, ainsi que
nous le ferons remarquer dans le discours sur les parties solides de l’intérieur
des poissons.
ou avec leur bouche”, ou avec leur queue”, ou avec
leurs nageoires inférieures rapprochées en disque3, ou
avec un organe particulier situé au dessus de leur tête*,
s attachent aux rochers, aux bois flottans, aux vaisseaux,
aux poissons plus gros qu’eux, et, indépendamment de
plusieurs causes, qui les maintiennent dans cette position,
y sont retenus par le désir d’un approvisionnement
plus facile, ou d’une garantie plus sûre. D’autres
encore , tels que les-anguilles, se ménagent dans des
cavités qu ils creusent, dans des terriers qu’ils forment
avec précaution, et dont les issues sont pratiquées avec
une sorte de soin, bien moins un abri contre le froid
des hivers, qu’un rempart contre des ennemis plus forts
ou mieux armés. Ils les évitent aussi quelquefois ces
ennemis dangereux, en employant la faculté de ramper
que leur donne leur corps très-alongé etserpentiforme,
en s’élançant hors de l’eau,, et en allant chercher-, pen-,
dânt quelques instans, loin de ce fluide ,i non. seulement
une nourriture qui leur plaît , et qu’ils j trouvent
en plus grande abondance que dans, la: mer ou dans
les fleuves, mais encore un asyle plus sûr que toutes
les retraites aquatiques, Ceux-ci, enfin, qui ont réçu des
nageoires pectorales très-étenduestrès-mobiles, et:
composées de rayons faciles a rapprocher ou à écartér,
1 Les pétromyzons.
* Quelques murènes et les murénophis,
* Les cycloptères, etc.
4 Les écbénéis,
T jOME i, Q