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puisse les mieux comparer, et les distinguer plus facilement
l’une de l’autre.
Le rajé se trouve dans le Nil.
Depuis la tête jusqu’au milieu du corps,il est hérissé
de piquans extrêmement courts, tournés vers la queue,
et qui occasionnent des démangeaisons et d’autres acci-
dens assez analogues à ceux que l’on éprouve Ijorsqu on
a touché des orties, pour qu’on ait regardé cet animal
comme venimeux. Depuis le milieu du corps jusqu’à
l’extrémité de la queue, la partie inférieure du rayé
ne présente que de petits creux qui le font paroître .
pointillé. Au devant de chaque oeil est un tubercule
terminé à son sommet par deux filamens très-courts';:
les deux tubercules se touchent*. La ligne latérale
passe au dessous de l’oeil, descend ensuite, se relève,
et s’étend enfin presque directement jusqu’à la nageoire
caudale.
Le rajé est, par-dessus, d’un verd bleuâtre ; par-dessous,
d’un jaune roux; sur les côtés, d’un bleuâtre foncé y
et sur ce fond on voit régner longitudinalement et de
chaque côté quatre raies brunes et blanchâtres, dont les
deux supérieures sont courbes, gt dont la troisième se
partage en deux.
Le croissant vit en Egypte comme le rayé; mais il
habite aussi en Asie, et particulièrement dans les eaux
* Le rayé a aux nageoires pectorales 19 rayons*
à celle du dos - 12
à celle de l’anus 9*
à celle de la que 11# ? qui est arrondie, 12
de la Chine et dans celles du Japon. Il est regardé, dans
toutes les contrées où on le pêche, comme une nourriture
très-dangereuse, lorsqu’il n’a pas été vidé avec
un très-grand soin. La qualité funeste qu’on lui attribue
vient peut-être le plus souvent de la nature des
alimens qu’il préfère, et qui, salutaires pour ce poisson,
sont très-malfaisans pour d’autres animaux, et surtout
pour l’homme; mais il se pourroit qu’une longue
habitude de convertir en sa propre substance des alimens
nuisibles fît contracter à la chair même du croissant
, ou aux sucs renfermés dans l’intérieur de son
corps, des propriétés vénéneuses. Cette qualité délétère
du croissant est reconnue depuis plusieurs siècles
au Japon et en Egypte, où la superstition a fait croire
pendant long-temps que l’espèce entière de ce tétrodon
avpit été condamnée à renfermer ain * un poison actif,
parce que des individus de cette même espèce avoient
autrefois dévoré le corps d’un Pharaon tombé dans le
Nil. Au reste, le venin que renferme le croissant, à
quelque cause qu’il faille le rapporter, est très-puissant,
au moins dans le Japon, puisque, suivant Osbech,
cet animal peut y donner la mort, dans deux heures,
à ceux qui s’en nourrissent; VAussi les soldats de cette
contrée orientale, et tous ceux de ses habitans sur lesquels
ou peut exercer une surveillance exacte, ont-ils
* Suivant Rumphius, l’antidote du poison contenu dans le tétrodon croissant
est la plante à laquelle il a donné le nom de reoc amoris.