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Fréquemment â une poursuite obstinée et à une chassé
terrible pour leur proiéj: efles affrontent les vents i et
les vagues en courroux;, !ét, recourbant leur queue,
re Amant avec force leurs larges nageoires,'relevant leur
vaste corps au-dessus des ondes, et le laissant retomber
de tout son poids, elles font jaillir au loiu et avec bruit
l ’eau salée'et écumanté. Mais*lorsque le temps de donner
n j our a leurs petits est’ ramené par le printemps,, ou
par le commencement de l’été , les mâles ainsi que les
femelles se pressent autour des rochers qui bordent les
rivages; et elles pourroién-t alorsêtre comptéespassa'gère-
ment parmi les poissons littoraux. Soit qu’elles cherchent
-ainsi auprès des côtesTasyle-, le fond et la nourriture qui
leur conviennent le mieux, ou soit qu’elles voguent loin
de ces mêmes bords , elles attirent toujours l’attention
des observateurs par la grande nappe d’eau quelles
compriment et repoussent loin d’elles, et par l’espèce
de tremblement qu’elles communiquent aux flots qui
les environnent. Presque aucun habitant des mers,:, si
on excepte les baleines, les autres c-étacées, et quelques
pleuronectes, ne présente, en effet, un corps aussi long,
aussi large et aussi aplati, une surface aussi plane et
aussi étendue. Tenant toujours déployées leurs nageoires
peetoralës , que l’on a comparées à de grandes
ailes, se dirigeant au milieu des eaux par le moyen
d’une queue très-longue, très-déliée et très-mobile,
poursuivant avec promptitude les poissons quelles
recherchent, et fendant les eaux pour tomber à l’im-
.proviste sur les animaux qu’elles sont près d’atteindre ,
comme l’oiseau de proie se précipite du haut des airs ;
il n’est pas surprenant quelles aient été assimilées, dans
le moment où elles cinglent avec vitesse près de la surface
de l’Océan, à Un très-grand oiseau , à un aigle
puissant, qui, les ailes étendues, parcourt rapidement
les diverses régions de l’atmosphère. Les plus forts et
les plus grands de presque tous les poissons, comme
l’aigle est le plus grand et le plus fort des oiseaux, ne
paroissant, en chassant les animaux marins plus foibles
qu’elles, que céder à une nécessité impérieuse et au
besoin de nourrir un corps volumineux, n’immolant
pas de victime à une cruauté inutile, douées d’ailleurs
d’un instinct supérieur à celui des autres poissons osseux
ou cartilagineux, les raies sont en effet les aigles de la
mer ; l’Océan est leur domaine, comme l’air est celui de
l’aigle; et de même que l’aigle, s’élançant dans les profondeurs
de l’atmosphère, va chercher sur des rochers
déserts et sur des cimes escarpées, le repos après la victoire
, et la jouissance non troublée des fruits d’une
chasse laborieuse, elles-se plongent, après leurs courses
et leurs combats, dans un des abymes de la mer, et
trouvent dans cette retraite écartée un asyle sûr et la
tranquille possession de leurs conquêtes.
Il n’est donc pas surprenant que, dès le siècle d’Aristote
, une espèce de raie ait reçu le nom à'aigle marine,
que nous lui avons conservé. Mais, avant de nous occuper
de cette espèce, examinons de près la bâtis, l’une
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