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et celle des jeunes, bien sèche , ej; bien débarrassée de
toutes les matières qui pourvoient^ en augmenter l’épaisseur
et en altérer la transparence, tient lieu de
vitre dans une partie de la Russie et de la Tartarie.
La chair, les oeufs, la vessie à air, la graisse, la
peau, tout est donc utile à l’homme dans „celte féconde
et grande espèce d’acipensère *. Il n’est donc pas surprenant
que, dans les contrées où elle est le plus répandue,
elle porte dilférens noms. Par-tout où les animaux
ont été très-observés et très-recherchés , ils ont reçu
différentes appellations; chaque observateur, chaque
artiste, chaque ouvrier, les ont vus sous une face particulière,
et tant de rapports différens ont dû nécessairement
introduire une grande variété dans les signes
de ces rapports, et par conséquent dans les désignations
du sujet de ces diverses relations..
Comme les husos vivent à des latitudes éloignées de
la ligne, et qu’ils habitent des pays exposés à des froids
rigoureux, ils cherchent à se soustraire pendant l’hiver
à une température trop peu convenable à leur nature ,
en se renfermant plusieurs ensemble ddns de grandes
cavités des rivages. Ils remontent même quelquefois
dans les fleuves, quoique la saison de la ponte soit encore
éloignée, afin d’y trouver, sur les bords, des asyles
plus commodes. Leur grande taille les contraint à être
* On mange jusques à l’épine cartilagineuse et dorsale du huso et de
l’ esturgeon ; et on la prépare de diverses manières, dans les pays du Nord.
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très-rapprochés les uns des autres dans ces cavernes,
quelque spacieuses qu’elles soient. Ils conservent plus
facilement, par ce voisinage, le peu de chaleur qu’ils
peuvent posséder ; ils ne s’y engourdissent pas ; ils n’y
sont pas soumis du moins à une torpeur complète : ils
y prennent un peu de nourriture; mais le plus souvent
ils ne font que mettre à profit les humeurs qui s’échappent
de leurs corps, et ils sucent la liqueur visqueuse
qui enduit la peau des poissons de leur espèce,
auprès desquels ils se trouvent.
Ils sont cependant assez avides d’alimens dans des
saisons plus chaudes, et lorsqu’ils jouissent de toute
leur activité ; et en effet, ils ont une masse bien
étendue à entretenir. Leur estomac est, à la vérité,
beaucoup moins musculeux que celui des autres
acipensères; mais il est d’un assez grand volume, et,
suivant Pallas, il peut contenir même, dans les individus
éloignés encore du dernier terme de leur accroissement
, plusieurs animaux tout entiers et d’un
volume considérable. Leurs sucs digestifs paroissent
d’ailleurs jouir d’une grande force : aussi avalent-ils
quelquefois , et indépendamment des poissons dont
ils se nourrissent, de jeunes phoques, et des canards
sauvages qu’ils surprennent sur la surface des eaux
qu’ils fréquentent, et qu’ils ont l’adresse de saisir
par les pattes avec leur gueule , et d’entraîner au fond
des flots. Lorsqu’ils ne trouvent pas à leur portée l’aliment
qui leur convient, ils sont même obligés, dans
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