la manière que nous exposerons avant de terminer cet
article.
Entre lés deux appendices que nous venons de décrire,
ou, pour nous expliquer d’une manière applicable
aux femelles aussi-bien qu’aux mâles, entre les deux
nageoires de l’anus, commence la. queue, qui s’étend
ordinairement jusqu’à une longueur égale à celle du
corps et de la tête. Elle est d’ailleurs presque ronde,
très-déliée, très-mobile, et terminée par une pointe qui
paroît d’autant plus fine, que la bâtis n’a point de nageoire
caudale' comme quelques autres raies, et n’en
présente par conséquent aucune au bout de cette
pointe. Mais vers la fin de la queue, etxsur sa partie
supérieure, on voit deux petites nageoires très-séparées
l’une de l’autre, et qui doivent être regardées
comme deux véritables nageoires dorsales quoiqu’elles
ne soient pas situées au-dessus du corps proprement dit.
La bâtis remue avec force et avec vitesse cette queue
longue, souple et menue, qui peut se fléchir et se contourner
en différens sens. Elle l’agite comme une sorte
de fouet, non seulement lorsqu’elle se défend contre
ses ennemis, mais encore lorsqu’elle attaque sa proie.
Elle s’en sert particulièrement lorsqu’en embuscade
dans le fond de la mer, cachée presque entièrement dans
le limon, et vojant passer autour d’elle les animaux
É 1
1 Discours sur la nature des poissons.
a Ibidem.
dont elle cherche à se nourrir, elle ne veut ni changer
sa position , ni se débarrasser de la vase ou des algues
qui la couvrent, ni quitter sa retraite et se livrer à des
mouvemens qui pourroient n’être pas assez prompts,
sur-tout lorsqu’elle veut diriger ses armes contre les
poissons les plus agiles. Elle emploie alors sa queue; et
la fléchissant avec promptitude, elle atteint sa victime
et la frappe souvent à mort. Elle lui fait du moins des
blessures d’autant plus dangereuses, que cette queue,
mue par des muscles puissans, présente de chaque côté
et auprès de sa racine un piquant droit et fort, et que
d’ailleurs elle est garnie dans sa partie supérieure d’une
rangée d’aiguillons crochus. Chacun de ces aiguillons,
qui sont assez grands, est attaché à une petite plaque
cartilagineuse, arrondie, ordinairement concave du côté
du crochet, et un peu convexe de l’autre, et qui, placée
au-dessous delà peàu, est maintenue par ce tégument,
et retient l’aiguillon. Au reste, l’on voit autour des jeux
plusieurs aiguillons de même forme, mais beaucoup
plus petits.
La peau qui revêt et la tête, et le corps, et la queue,
est forte, tenace, et enduite d’une humeur gluante qui
en entretient la souplesse, et la rend pluspropre à
résister sans altération aux attaques des ennemis des
raies, et aux effets du fluide au milieu'duquel vivent
les bâtis. Ce suc visqueux est fourni par des canaux
placés assez près des tégumens, et distribués sur chaque
côté du corps et sur-tout de la tête. Ces canaux s’ouvrent