venir à la lumière. Une seule espèce de pétromyzon ne
craint pas les eaux salées, mais ne se retire dans le sein
des mers que pendant la saison du froid : toutes les espèces
de raies vivent au contraire sous tous les climats
et dans toutes les saisons, au milieu des ondes de
l’Océan ou des mers méditerranées. Qu’il y a donc loin
de nos arrangemens artificiels au plan sublime de la
toute-puissance créatrice; de celles de nos méthodes
dont nous nous sommes le plus -efforcés de combiner
tous lés détails, avec l’immense et admirable ensemble
des productions qui composent ou embellissent le globe ;
de ces moyens nécessaires, mais défectueux, par lesquels
nous cherchons à aider la foiblesse de-notre vue, l’in-
constànce de notre mémoire, et l’impèrfection des signes
de nos pensées, à la véritable exposition des rapports qui
lient tous les êtres ; et de l’ordre que fétat actuel de nos
cônnoissances nous force de regarder comme le plus
utile, à ce tout merveilleux où la nature, au lieu de
disposer lès objets sur une seule ligne, les a grouppés,
réunis et enchaînés dans tous lés sens par des relations
innombrables! Retirons cependant nos regards du haut
de cettë immensité dont la vue a tant d’attraits pour
rnotre imagination; et, nous servant de tous les moyens
queTart d’observer a pu inventer jusqu’à présent, portons
notre attention sur les êtres soumis maintenant à
notre examen, et dont la considération réfléchie peut
nous conduire à des vérités utiles et élevées.
C’est toujours au milieu des mers que les raies font
leur séjour ; mais, suivant les differentes époques de
l’année, elles changent d’habitation au milieu des flots
de l’Océan. Lorsque le temps de la fécondation des oeufs
est encore éloigné, et par conséquent pendant que la
mauvaise saison règne encore, c’est dans les profondeurs
des mers qu’elles se cachent, pour ainsi dire.
C’est là que, souvent immobiles sur un fond de sable ou
de vase, appliquant leur large corps sur le limon du
fond des mers, se tenant en embuscade sous les algues
et les autres plantes marines, dans les endroits assez
voisins de la surface des eaux pour que la lumière du
soleil puisse y parvenir et développer les germes de ces-
végétaux, elles méritent, loin des rivages, l’épithète de
pélagiennes qui leur a été donnée par plusieurs naturalistes.
Elles la méritent encore, cette dénomination
de pélagiennes, lorsqu’après avoir attendu inutilement
dans leur retraite profonde l’arrivée des animaux dont
elles se nourrissent, elles se traînent sur cette même
vase qui les a quelquefois recouvertes en partie, sillonnent
ce limon des mers, et étendent ainsi autour
d’elles leurs embûches et leurs recherches. Elles méritent
sur-tout ce nom d’habitantes de la haute mer,
lorsque,pressées dé plus en plus par la faim, ou effray ées
par des troupes très-nombreuses d’ennemis dangereux,
ou agitées par quelque autre cause puissante, elles
s’élèvent vers la surface des ondes, s’éloignent souvent
de plus en plus des côtes, et, se livrant, au milieu des
régions des tempêtes, à une fuite précipitée, mais le plus