Le trait principal qui empêche de regarder le pan-
toûflier comme un marteau, est la forme de sa tête.
Cette partie est beaucoup moins courte à proportion
de sa largeur, que la tête du marteau. Au lieu de
représenter une sorte de traverse tres-alongée, placée
au bout du tronc de l’animal, on peut comparer sa
figure à celle d’un segment de cercle dont la corde
seroit le derrière de la*tête, et dont I arc seroit découpé
en six larges festons. Il résulte de cette conformation,
que le milieu du bout du museau répond à la sinuosité
rentrante qui sépare les trois festons d un coté, des
trois festons de l’autre, et par conséquent que ce
milieu n’est pas la partie la plus avancée de la tête,
comme dans le marteau. Ces six festons ne sont pas
tous égaux : les deux du milieu sont plus grands que
ceux qui les avoisinent, mais plus petits que les deux
extérieurs, qui par conséquent sont les plus larges des
six. Et lorsque toute cette circonférence est bien développée
et que l’échancrure du milieu est un peu profonde,'
ce qu’on voit dans quelques individus, 1 ensemble
de la tête, considéré sur-tout avec le devant
du tronc, a dans sa forme quelque ressemblance avec
un coeur, ainsi que l’ont écrit plusieurs naturalistes.
On n’appereoit aucune tache sur ce squale, dont la
partie supérieure est grise, et l’inférieure blanchâtre.
Sa peau est garnie de tubercules très-petits, et qui sont
placés de manière qu’on n’en sent bien la rudesse que
lorsque la main qui les touche va de la queue vers la
tête.
D E S P O I S S O N S . 2 6 3
Le dessus et le dessous du museau sont percés d’une
quantité innombrable de pores que leur petitesse empêche
de distinguer, mais qui, lorsqu’on les comprime,
laissent échapper une humeur gélatineuse et visqueuse.
Les narines sont placées en partie sur la circonférence
du segment formé par la tête ; et c’est aux deux
bouts de la corde de ce segment que sont situés les
jeu x , plus propres, par leur position , à regarder les
objets qui sont sur les côtés de l’animal, que ceux qu’il
a en face.
Suivant Commerson, l’iris est blanchâtre et entouré
d’un cercle blanc, et la prunelle d’un verd de mer.
L’ouverture de la bouche est placée sous la tête, et
à une assez grande distance du bout du museau.
Les dents, un peu courbées en arrière, et non dentelées
dans les jeunes pantoufliers, sont placées sur plusieurs
rangs.
La langue est cartilagineuse, rude, large, épaisse,
courte, arrondie par-devant, attachée par-dessous, mais
libre dans son contour.
La ligne dorsale suit la'courbure du dos, dont elle
est un peu plus voisine que du dessous du ventre.
La forme, la proportion et la position des nageoires
sont à peu près les mêmes que dans le marteau *.
*Cormnerson a compté de vingt-cinq à trente rayons cartilagineux dans
chaque nageoire pectorale, -et: de quinze à dix-huit dans la première nageoire
du dos.