D’ailleurs les produits de la même ponte sont presque
toujours successivement, ou à la fois, l’objet de l’empressement
de plusieurs mâles.r. :
Nous n’avons pas besoin de réfuter l’erreur dans
laquelle sont tombés plusieurs naturalistes très-estimables,
et particulièrement Rondelet, qui ont cru que
l’eau seule pouvoit engendrer des poissons , parce
qu’on en a trouvé dans des pièces d’eau où l’on n’en
avoit jeté aucun, où l’on n’avoit porté aucun oeuf, et
qui u’avoieut de communication ni avec la mer, ni
avec aucun lac ou étang, ni avec aucune rivière. Nous
devons cependant, afin d’expliquer ce fait observé
plus d’une fois, faire faire attention à la facilité avec
laquelle des oiseaux d’eau peuvent transporter du frai
de poisson, sur les membranes de leurs pattes, dans
les pièces d’eau isolées dont.nous venons de parler.
Mais si nous venons de faire l’histoire tic la fécondation
des oeufs dans le plus grand nombre de poisson?,
il est quelques espèces de ces animaux.parmi les osseux,
et sur-tout parmi lçs cartilagineux, qui présentent des
phénomènes différeus dans leur reproduction. Faisons
connoître, ces phénomènes.
Les femelles des raies,.des squales,, de quelques
blennies, de quelques silures, ne .pondent pas leurs
oeufs : ils, parviennent dans le. ventre, dé jà mère à tout
leur développement; ils j grossissent d’aufant plus
facilement qu’ils,sont, pour ainsi dire,, cpu-yés par la
chaleur intérieure de la femelle,; ijsj\éclosent, et les
petits arrivent tout formés à la lumière. Les poissons
dont i’éspèce se reproduit de cette manière ne doivent
pas cependant être comptés parmi les animnuxviÿipares;
car , ainsi que nous l'avons fait observer dans VHis-
luire des serpens, on ne peut donner ce nom qu’à ceux
qui, jusqu’au moment où ils viennent au jour,tirent
immédiatement leur nourriture du corps même de leur
mère, tandis que les ovipares sont, jusqu’à la même
époque, renfermés dans un oeuf qui ne leur permet
aucune communication avec le corps de la femelle,
soit que Ce même oeuf éclose dans le ventre de la mère,
ou soif qu’il ait été pondu a vant d’éclore : mais on peut
distinguer les poissons dont nous venons de parler par
l’épithète de vipères, Bip ne peut que rappeler un mode
de reproduction semblable à celui qui leur a été attribué,
et qui appartient à fous les Serpens auxquels la
dénomination de vipère a été appliquée'.
Dans le plus grand nombre de ces poissons vipères, les
oeufs non seulement présentent une forme particulière
que nous ferons connoître dans cette histoire, mais
fnPhîtfent encore une grandeur très-supérieure à celle
dèS oeufs des autres poissons. Devant d’ailleurs atteindre
à tout leùr volume dans l’intérieur du corps de la
mère , ils doivent être beaucoup moins nombreux que
eéux des femelles qui pondent; et en effet leur nombre
ne passe guère cinquante. Mais si ces oeufs, toujours
renfermés dans l’intérieur delà femelle, contiennent
un embryon vivant, ils doivent avoir été fécondés