LA L O P H I E F A U J A S .
N o O s avons dit, en traitant de la raie tlionin, pourquoi
nous avons désiré que les services rendus par
notre collègue le citoyen Faujas aux sciences naturelles,
fussent rappelés par le nom de la lophie que
nous allons décrire, qui faisoit partie de la belle collection
de la Haye, et qui est encore inconnue aux
naturalistes.
La conformation de cette lophie est très-remarquable.
Son corps est très-aplati de haut en bas : il
l’est plus que celui de la baudroie, et que celui de
la vespertilion; et si l’on retranchoit la queue et les
nageoires pectorales, il offriroit l’image d’un disque
parfait.
L’ouverture de la bouche est un peu au dessous de
la partie antérieure de la tête. Au dessus du museau,
et presque à son extrémité, paroît une petite cavité,
au milieu de laquelle s’élève une protubérance arrondie.
Les narines sont très-près de cette cavité; et chacun
de ces organes a deux ouvertures, dont la plus antérieure
est la plus étroite, et placée au bout d’un petit
tube.
Les yeux, très-peu gros et assez rapprochés l’un
de l’autre, forment presque un carré avec les deux
narines.
Les ouvertures des branchies sont placées sur le
disque , et plus près de l’origine de la queue que sur
presque toutes les autres lophies, quoique, sur ces
poissons, elles soient en général très-éloignées du museau.
Le canal qui va de chacune de ces ouvertures à
la cavité de la bouche, doit donc être assez long; mais
nous n’avons pas pu connoître exactement ses dimensions,
parce que nous n’avons pas voulu sacrifier à des
recherches anatomiques l’individu apporté de Hollande,
et qui étoit unique et très-entier.
La membrane branchiale présente cinq rayons.
Les nageoires inférieures ou jugulaires sont attachées
à des prolongemens charnus, composées de cinq rayons
divisés à leurs extrémités, assez semblables à des
mains, ou au moins à des pattes, mais plus reculées
que sous la baudroie et la vespertilion; elles sont
situées vers le milieu de la partie inférieure du disque,
et à une distance à peu près égale de l’ouverture de
la bouche, et des nageoires pectorales.
Ces dernières sont en effet très-voisines de l’anus,
et par-là elles sont rapprochées des ouvertures des
branchies, presque autant que dans la plupart des
autres lophies. On voit au dessous de l’animal les prolongations
charnues auxquelles elles tiennent.
L’anus est situé à l’endroit où la queue touche le
disque, c’est-à-dire le corps proprement dit. Cette même
queue représente un cône aplati par-dessous, et dont la
longueur égale à peine la moitié du diamètre du disque.