tiennent la partie antérieure de leur corps un peu élevée?
parce qu’alors ils présentent à l’eau un plan incliné que
ce fluide tend à soulever; ce qui permet à l’animal de
n'employer presque aucun effort pour se soutenir à telle
ou telle hauteur, mais de réunir toutes ses forces pour
accroître son mouvement progressif *. Et enfin on observera
également sans peine que si le principe le plus
actif de la natation est dans la queue, c’est dans la trop
grande longueur de la tête, et dans les prolongations
qui l’étendent en avant, que se trouvent les principaux
obstacles à la vitesse; c’est dans les parties antérieures
qu’est la cause retardatrice, dans les postérieures est au
contraire la puissance accélératrice; et le rapport de
cette cause et de cette puissance détermine la rapidité
de la natation des poissons.
De cette même proportion dépend par conséquent la
facilité plus ou moins grande avec laquelle ils peuvent
chercher l’aliment qui leur convient. Quelques uns se
contentent, au moins souvent, de plantes marines, et
particulièrement d’algues; d’autres vont chercher dans
la vase les débris des corps organisés, et c’est de ceux-ci
que l’on a dit qu’ils vivoient de limon ; il en est encore
qui ont un goût très-vif pour des graines et d’autres
parties de végétaux terrestres ou fluviatiles : mais le plus
grand nombre de poissons préfèrent des vers marins,
de rivière ou de terre, des insectes aquatiques, des oeufs
* Il est à remarquer que ces poissons très-aplatis manquent de vessie
pondus par leurs femelles, de jeunes individus de leur
classe, et en général tous les animaux qu’ils peuvent
rencontrer au milieu des eaux, saisir et dévorer sans
éprouver une résistance trop dangereuse.
Les poissons peuvent avaler, dans un espace de temps
très-court, une très-grande quantité de nourriture;
mais ils peuvent aussi vivre sans manger pendant un
très-grand nombre de jours, même pendant plusieurs
mois, et quelquefois pendant plus d’un an. Nous ne
répéterons pas ici ce que nous avons déjà dit sur les
causes d’un phénomène semblable, en traitant des quadrupèdes
ovipares et des serpens, qui quelquefois sont
aussi plus d’un an sans prendre de nourriture. Les
poissons, dont les vaisseaux sanguins, ainsi que ceux
des reptiles et des quadrupèdes ovipares, sont parcourus
par un fluide très-peu échauffé, et dont le corps est.
recouvertd’écailles, ou detégumens visqueux et huilés,'
doivent habituellement perdre trop peu de leur substance,
pour .avoir besoin de réparations très-copieuses
et très-fréquentes : mais non seulement ils vivent et
jouissent de leur vivacité ordinaire malgré une abstinence
très - prolongée, mais ces longs jeûnes ne les
empêchent pas de se développer, de croître , et de
produire dans leur tissu cellulaire cette matière onctueuse
à laquelle le nom de graisse a été donné. On
conçoit très-aisément comment il suffit à un animal de
ne pas laisser échapper beaucoup de substance, pour
ne pas diminuer très-sensiblement dans son volume ou
TOME i . p