Souvent l’eau entre par la bouche, pour parvenir
jusqu’à la cavité qui, de chaque côté de la tête, renferme
les branchies; et lorsqu’elle a Servi à la respiration
, et qu’elle doit être remplacée par un nouveau
fluide, elle s’échappe par un orifice latéral, auquel on
a donné le nom d'ouverture branchiale *. Dans quelques
espèces, dans les pétromyzons, dans les raies, et dans
plusieurs squales, l’eau surabondante peut aussi sortir
des deux cavités et de la gueule par un ou deux petits
tuyaux ou évents, qui, du fond de la bouche, parviennent
à l’extérieur du corps vers le derrière de la
tête. D’autres fois l’eau douce ou salée est introduite
par les ouvertures branchiales , et passe par les évents
ou par la bouche lorsqu’elle est repoussée en dehors;
ou si elle pénètre par les évents, elle trouve une issue
dans l’ouverture de la gueule, ou dans une des branchiales.
L’issue branchiale de chaque côté du corps n’est
ouverte ou fermée dans certaines espèces que par la
dilatation ou la compression que l’animal peut faire
subir aux muscles qui environnent cet orifice; mais
communément elle est garnie d’un opercule ou d’une
membrane, et le plus souvent de tous les deux à la fois.
* Dans le plus grand nombre de poissons, il n’y a qu’une ouverture
branchiale de chaque côté de la tête : mais, dans les raies et dans presque
tous les squales, il y en a cinq à droite, et cinq à gauche ; il y en a six
dans une espèce particulière de squale , et sept dans une autre espèce de
Ja même famille , ainsi que dans tous les pétromyzons.
L’opercule est plus ou moins solide , composé d une
ou de plusieurs pièces , ordinairement garni de petites
écailles, quelquefois hérissé de poiiïttes ou armé d’aiguillons
; la membrane, placée en tout ou en partie sous
l ’opercule , est presque toujours soutenue , comme
une nageoire., par des rajons simples qui varient en
nombre suivant les espèces ou les familles, e t , mus
par des muscles particuliers, peuvent, en s’écartant ou
en se rapprochant les uns des autres , déplojèr ou
plisser la membrane. Lorsque le poisson veut fermer
son ouverture branchiale, il abat son opercule, il étend
au dessous;sa membrane ,, il applique exactement et
fortement contre les bords de l'orifice les portions de
la circonférence de la membrane ou de l’opercule qui
ne tiennent pas à son corps ; il a, pour ainsi dire, à sa
disposition, une porte un peu flexible et un.ample rir
deau , pour clorre la cavité de ses branchies.
Mais nous avons assez exposé de routes, montré de
formes, développé d’organisations ; il est temps de
faire mouvoir les ressorts que nous avons.décrits. Que
les forces que nous avons indiquées agissent sç>us nos
yeux; remplaçons la matière inerte par la matière productive,
la substance passive par l’être actif; le corps
seulement organisé,. par le corps en mouvement ; que
le poisson reçoive le souffle de la vie ; qu’il respire.
En quoi, consiste cependant cet acte si important, si
involontaire, si fréquemment renouvelé, auqyel on
r donné, le nom de respiration
TOME ï. F.