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que leur chair suffise à rassasier plus de cent personnes*.
Les plus grandes sont celles qui s’approchent le moins
des rivages habités, même dans le temps où le besoin
de pondre, ou celui de féconder les oeufs, les entraîne
"vers les côtes de la mer; l’on diroit que la difficulté de
cacher leur grande surface et d’échapper à leurs nombreux
ennemis dans des parages trop fréquentés, les
Lient éloignées de ces plages : mais, quoi qu’il en soit,
elles satisfont le désir qui les presse dans le printemps,
de s’approcher des rivages, en s’avançant vers les bords
écartés d’isles très-peu peuplées, ou de portions de
continent presque désertes. C’est sur ces côtes, où les
navigateurs peuvent être contraints par la tempête
de chercher un asyle, et où tant de secours leur sont
refusés par la nature , qu’ils doivent trouver avec
plaisir ces grands animaux, dont un très-petit nombre
suffit pour réparer, par un aliment aussi sain qu’agréable,
les forces de l’équipage d’un des plus gros
vaisseaux.
Mais ce n’est pas seulement dans des momens de
détresse que la bâtis est recherchée : sa chair blanche et
délicate est regardée, dans toutes les circonstances,
comme un mets excellent. A la vérité, lorsque cette raie
vient d’être prise, elle a souvent un goût et une odeur
qui déplaisent ; mais, lorsqu’elle a été conservée pendant
quelques jours, et sur-tout lorsqu’elle a été transî
.Consultez Willughby.
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portée à d’assez grandes distances, cette odeur et ce
goût se dissipent, et sont remplacés par un goût très-
agréable. Sa chair est sur-tout très-bonne à manger
après son accouplement; et si elle devient dure vers
l’automne, elle reprend pendant l’hiver les qualités
qu’elle avoit perdues»
On pêche untrès-grand nombre de bâtis sur plusieurs
côtes; et il est même des rivages où on en prend une si
grande quantité, qu’on les y prépare pour les envoyer
au loin, comme la morue et d’autres poissons sont préparés
à Terre-Neuve, ou dans d’autres endroits. Dans
plusieurs pays du nord, et particulièrement dans le
Holstein et dans le Schleswig, on les fait sécher à l’air,
et on les envoie ainsi desséchées dans plusieurs contrées
dë l’Europe, et particulièrement de l’Allemagne.
Examinons maintenant les différences qui sépçtreqfc;
là bâtis des autres espèces de raies..