des plus grandes, des plus répandues et des plus
connues des raies, et que l’ordre que nous avons cru
devoir adapter nous offre la première.
L’ensemble du corps de la bâtis présente un peu la
forme d’un losange. La pointe du museau est placée
à l’angle antérieur, les rayons les plus longs de chaque
nageoire pectorale .occupent les deux angles latéraux, et
l’origine de la queue se trouve au sommet de l’angle de
derrière. Quoique cet ensemble soit très-aplati, on distingue
cependant un léger renflement tant dans le côté
supérieur que dans le côté inférieur, qui trace,pourainsî
dire, le contour du corps-proprement dit, c’est-à-dire
des trois cavités de la tête, de la poitrine et du ventre.
Ces trois cavités réunies n’occupent que le milieu du
losange, depuis l’angle antérieur jusqu’à celui de derrière,
et laissent de chaque côté une espèce de triangle
moins épais, qui compose les nageoires pectorales. La
surface de ces deux nageoires pectorales est plus grande
que celle du corps proprement dit, ou des trois cavités
principales ; et quoiqu’elles soient recouvertes d’une
peau épaisse, on peut cependant distinguer assez facilement,
et même compter avec précision, sur-tout vers
l’angle latéral de ces larges parties, un grand nombre
de ces rayons cartilagineux composés et articulés, dont
nous avons exposé la contexture *. Ces rayons partent
du corps de l’animal,s’étendent, en divergeant un peu,
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jusqu’au bord des nageoires; et les différentes personnes
qui ont mangé de la raie bâtis, et qui ont dû voir et
manier ces longs rayons, ne seront pas peu étonnées
d’apprendre qu’ils ont échappé à l’observation de quelques
naturalistes, qui ont pensé, en conséquence, qu il
n’y avoit pas de rayons dans les nageoires pectorales de
la bâtis. Aristote lui-même, qui cependant a bien connu
et très-bien exposé les principales habitudes des raies ',
ne croyant pas que les côtés de la bâtis renfermassent
des rayons, ou ne considérant pas ces rayons comme
des caractères distinctifs des nageoires, a écrit qu’elle
n’avoit pas de nageoires pectorales, et quelle voguoit
en agitant les parties latérales de son corps *.
La tête d,e la bâtis, terminée par un museau un peu
pointu, est d’ailleurs engagée par derrière dans la cavité
de la poitrine. L’ouverture de la bouche, placée dans la
partie inférieure de la tête, et meme a une distance
assez grande de l’extrémité du museau, est alongée et
transversale, et ses bords sont cartilagineux et garnis
de plusieurs rangs de dents très-aiguës et crochues. La
langue est très-courte, large , et sans aspérités.
Les narines, placées au devant de la bouche, sont
situées également sur la partie inférieure de la tête.
L’ouverture de cet organe peut être élargie ou rétrécie à 1
1 Aristot. Hist, animal. lib..2, c. i 3. ----Id b. 5, c. 3 et 5. — Lib. 6, c. 19
ct i i . ----De generations animal, lib. 3, c. j e t 1 r.