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assez grande pour que son diamètre le plus long soit
égal à plus de la moitié de celui de la bouche. Cette
ouverture aboutit à un organe composé de membranes
plissées et frangées, dont nous avons fait graver la
figure, et dont le nombre et les surfaces sont assez
considérables pour le rendre très-délicat. Et comme,
d’un autre côté, nous venons de voir que le museau,
ce principal organe du toucher des raies, est très prolongé,
très-mobile, et par conséquent très-sensible, dans
la raie thouin, nous devons présumer que ce dernier
poisson jouit d’un toucher et d’un odorat plus actifs
que„ceux de la plupart des autres raies, et doit avoir
par conséquent un sentiment plus exquis et un instinct
plus étendu.
La queue est à peu près de la longueur de la tête et
du corps pris ensemble5 mais, au lieu d’être très-déliée
comme celle de presque toutes les raies, elle présente
à son origine une largeur égale à celle de la partie postérieure
du corps à laquelle elle s’attache. Son diamètre
va ensuite en diminuant par degrés insensibles jusqu’à
l’extrémité, qui s’insère, pour ainsi dire, dans une nageoire.
Cette dernière partie termine le bout de la
queue, et le garnit par-dessus et par-dessous, mais en
me composant qu’un seul lobe et en formant un triangle
dont le sommet est dans le bas.
Indépendamment de cette nageoire caudale, on en
voit deux dorsales, à peu près de la même grandeur,
un peu triangulaires et échancrées dans celle de leurs
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faces qui est opposée à la tête. La première de ces deux
nageoires dorsales est placée beaucoup plus près du
corps que sur presque toutes les autres raies; on la
voit à peu près au tiers de la longueur de la queue, à
compter de l’anus; et la seconde nageoire est située
vers les deux tiers de cette même longueur.
Le dessus de la tête et de la prolongation du museau
est garni d’un très-grand nombre de petits aiguillons
tournés vers la queue, et beaucoup plus sensibles sur
les portions colorées en brun que sur celles qui le sont
en blanc. D’ailleurs, le dessus et le dessous du corps et
de la queue sont revêtus de petits tubercules plus rapprochés
et moins saillans sur la partie inférieure de la
queue et du corps. De plus, l’on voit une rangée de tubercules
plus gros, et terminés par un aiguillon tourné
vers la queue, s’étendre depuis les évents jusques à la
seconde nageoire dorsale; et l’on apperçoit encore autour
des jeux quelques uns de ces derniers tubercules.
Les nageoires pectorales sont un peu sinueuses, et
arrondies dans leur contour; et les ventrales, à peu
près de la même largeur dans toute leur étendue, ne
peuvent pas être considérées comme séparées en portion
ventrale et en portion anale. Les nageoires latérales
sont beaucoup plus difficiles à confondre que
dans presque toutes les autres raies, avec le corps proprement
dit, qui, d’un autre côté, beaucoup moins
distingué de la queue, donne à la thouin un caractère
que nous n avons retrouvé que dans la rhinobate , où
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