opaques? Si l’odorat des poissons étoit donc moins
parfait , ce ne seroit que dans un petit nombre de cir-
constancés qu’ils pourroient rechercher leurs alimens,
échapper aux dangers qui les menacent, parcourir un
espace d’eau un peu étendu : et combien leurs habitudes
seraient par conséquent différentes de celles que nous
allons bientôt faire connoître!
Cette supériorité de l’odorat est un nouveau rapport
qui rapproche les poissons non seulement de la classe
des quadrupèdes , mais encore de celle des oiseaux. On
sait, en effet, maintenant que plusieurs familles de
ces derniers animaux ont un odorat très-sensible - et il
est à remarquer que cet odorat plus exquis se trouve
principalement dans les: oiseaux d’eau et dans ceux
de rivage *.
Que l’on ne croie pas néanmoins que le sens de la
vue soit très-foible dans les poissons. A la vérité, leurs
yeux n’ont ni paupières, ni membrane clignotante ;
et par conséquent ces animaux n’ont pas reçu ce double
et grand mojen qui a été: [départi aux oiseaux et à
quelques autres êtres animés , de tempérer l’éclat trop
vif de la lumière, d’en diminuer les rajons comme par
un voile, et de préserver à volonté leur organe de ces
exercices trop violens ou trop répétés qui ont bientôt
affoibli et même détruit le sens le plus actif. Nous
devons penser,-en effet, et nous tirerons souvent des
* Consultez Scàrpa, Gattoni, et d’antres observateurs.
conséquences assez étendues de ce principe , nous
devons penser , dis-je, que le siège d’un sens , quelque
parfaite que soit sa composition , ne parvient à toute
l’activité dont son organisation est susceptible, que
lorsque, par des alternatives plus ou moins fréquentes,
il est vivement ébranlé par un très-grand nombre
d’impressions qui développent toute sa force, et préservé
ensuite de l’action des corps étrangers, qui le pri-
veroit d’un repos nécessaire à sa conservation. Ces
alternatives, produites, dans plusieurs animaux dont les
jeux sout très-bons, par une membrane clignotante
et des paupières ouvertes ou fermées à volonté , ne
peuvent pas être dues à la même cause dans les pois^-
sons j et peut-être, d’un autre côté, contestera-t-on qu’au
moins, dans toutes les espèces de ces animaux, l’iris
puisse se dilaterou se resserrer, et par conséquent diminuer
ou agrandir l’ouverture dont il est percé, que l’on
nomme prunelle, et qui introduit la lumière dans l’oeil,
quoique l’inspection de la contexture de cet iris puisse
le faire considérer pomme composé de vaisseaux susceptibles
de s’alonger ou de se raccourcir. On n’oubliera
pas non plus de dire que là vision doit être moins nette
dans 1 oeil du poisson que dans celui des animaux plus
parfaits, parce que l’eau étant plus dense que l’air de
1 atmosphère, la réfraction, et par conséquent la réunion
que peuvent subir les rajons de la lumière en
passant de 1 eau dans l’oeil du poisson, doivent être
moins considérables que celles que ces rajons éprouvent