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voit une prolongation, ou un filament cartilagineux
et élastique, qui soutient deux appendices alongés et
charnus. Derrière ce filament, paroissent deux autres
éminences charnues, élevées, un peu coniques, parsemées
de barbillons, et dont la postérieure est la plus
grosse et la plus exhaussée. Vient enfin une nageoire
dorsale. Les nageoires de la poitrine et les jugulaires
sont conformées à peu près comme dans les autres lo-
phies ; mais les jugulaires ont une ressemblance moins
imparfaite avec une main humaine, ou plutôt avec un
pied de quadrupède. On compte quatre branchies dans
chacun des deux organes de la respiration. Le corps
est hérissé, en beaucoup d’endroits, de petits aiguillons
crochus et de courts filamens; il est d ailleurs brun
par-dessous , et couleur d or par-dessus, avec des
bandes, des raies et des taches irrégulières et brunes *.
Les habitudes de la lophie histrion sont semblables
à celles de la baudroie. On lui a donné le nom qu’elle
porte, à cause des mouvemens prompts et variés qu’elle
imprime à ses nageoires .et a ses filamens, et desquels
on a dit qu’ils avoient beaucoup de rapports avec des
gestes comiques. Elle ci d silleurs psru menter ce 110m
par l’usage fréquent quelle fait, lorsqu’elle nage, de la
* li y a ordinairement à la nageoire'dorsale 12 rayons,
à chaque nageoire pectorale 1 1
à chaque nageoire jugulaire S
à la nageoire de l’anus 7
à celle de la queue, qui est arrondie., 10
D E S P O I S S O N S.
faculté qu’elle a d’étendre et de gonfler une portion
considérable de la partie inférieure de son corps, d’arrondir
ainsi son volume avec vitesse, et de changer
rapidement sa figure. Nous nous sommes déjà occupés,
dans notre Discours sur la nature des poissons, de cette
faculté, que nous retrouverons dans plusieurs espèces
de ces animaux a un degré plus ou moins élevé, sur
laquelle nous reporterons plusieurs fois notre attention
, et que nous examinerons particulièrement de
nouveau en traitant du genre des tétrodons. -
La lophie histrion habite non seulement dans la mer
du Brésil, mais encore dans celle qui baigne les côtes de
la Chine, et elle j parvient à la longueur de neuf ou
dix pouces.
Nous avons trouvé, dans les manuscrits de Commer-
son, la description d’une lophie *, dont nous avons
fait graver la figure d’après un des dessins de ce célèbre
Voyageur. Ce cartilagineux a de trop grands rapports
avec l’histrion , pour que nous n’ajons pas dû les rapporter
l’un et l’autre à la même espèce. Voici en effet
la seule différence qui les distingue, et qui, si elle est
constante, ne peut constituer qu’une variété d’âge, ou
de sexe, ou de pays. Le filament élastique qui s’élève
derrière l’ouverture de la bouche, au lieu de porter
un appendice charnu, divisé uniquement en deux par-
* Antennarius anlennâ tricorni. Commerson, manuscrits déposés dans le
Muséum d’histoire naturelle.