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Les jeux sont placés sur la partie supérieure de la
tête, et très-rapprochés l’un de l’autre; ce qui donne à
l’animal la faculté de reconnoître très - distinctement
les objets qui passent au dessus de lui.
On apperçoit entre les jeux une rangée longitudinale
composée de trois longs filamens, dont ordinairement
le plus antérieur a plus de longueur que les autres,
s’élève à une hauteur égale au moins à-la moitié de la
plus grande largeur de la tête, et se termine par une
membrane assez large et assez longue. Cette membrane
se divise en deux lobes, et Ion voit une seconde
membrane beaucoup plus petite, et un peu triangulaire,
implantée vers sa base et sur sa partie postérieure.
Les autres deux filamens offrent quelques fils
le long de leur tige.
Au-delà de ces trois filamens très-déliés, sont deux
nageoires dorsales, dont la première a une membrane
beaucoup plus courte que les rajons qui J sont attachés.
La nageoire de la queue est très-arrondie, ainsi que les
pectorales *. Celle de l’anus est au dessous de la seconde
dorsale.
Des barbillons vermiformes garnissent les côtés du
corps, de la queue, et de la tête, au dessus de laquelle
* Communément la première nageoire dorsale a 3 rayons.
la seconde h
chaque pectorale H
celle de l’anus 9
et celle de la queue 8
D E S p o i s s o n s . 3 i 3
paroissent quelques tubercules ou aiguillons, particulièrement
entre les jeux et la première nageoire du
dos. .
Au reste, la baudroie est brune par-dessus, et blanche
par-dessous, et la îiageoire de la queue est noire, ainsi
que le bord des nageoires pectorales.
Nous avons déjà dit qu’elle parvenoit à la longueur
de sept pieds ; Pontoppidan assure même qu’on en a pris
qui avoient plus de douze pieds de long*. Cependant la
peau de la baudroie est molle et flasque dans beaucoup
d’endroits ; ses muscles paroissent foibles; sa queue, qui
n’est ni très-souple ni déliée, ne peut pas être agitée avec
assez de vitesse pour imprimer une grande rapidité à ses
mouyemens.N ayant donc ni armes très-défensives dans
ses tégümens, ni force dans ses membres, ni célérité
dans sa natation, la baudroie, malgré sa grandeur, est
obligée d’emplojer la ressource de ceux qui n’ont reçu
qu’une puissance très-limitée : elle est contrainte , pour
ainsi dire, d’avoir recours à la ruse, et de réduire sa
chasse à des embuscades, auxquelles d’ailleurs sa conformation
la rend très-propre. Elle s’enfonce dans la
vase, elle se couvre de plantes marines, elle se cache
sous les pierres, et les saillies des rochers. Se tenant
avec patience dans son réduit, elle ne laisse apperee-
voir que ses filamens quelle agite en difierens sens,
auxquels elle cioone toutes les fluctuations qui peuvent
* Histoire naturelle de Norwège, etc. par Pontoppidan.
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