Suffisante pour sa respiration? Doit-on croire que leur
êstomac peut être rempli de matières alimentaires qui,
en se dénaturant, fournissent à la vessie aérienne le
gaz qui la gonfle, lorsqu’elle n’est jamais si fréquemment
ni si complètement étendue que dans les instans
où cet estomacrest vide, et où la faim qui presse l’animal
l’oblige à s’élever, à s’abaisser avec promptitude, à faire
avec rapidité de longues courses, à se livrer à de pénibles
recherches? Cette décomposition, dont la chymie
moderne nous indique maintenant tant d’exemples,
est-elle plus difficile à admettre dans des êtres à sang
froid à la vérité, mais très-actifs et assez sensibles, tels
que les poissons , que dans les parties des plantes, qui
séparent également l’hydrogène et l’oxygène contenus
dans l’eau ou dans l’humidité de l’air? Les forces animales
ne rendent-elles pas toutes les décompositions
plus faciles, même avec une chaleur beaucoup moindre?
Ne peut-on pas démontrer d’ailleurs que la vessie natatoire
ne diminue par sa dilatation la pesanteur spécifique
de l’animal, qu’autant qu’elle est remplie d’un
fluide beaucoup plus léger que ceux que renferment
les autres cavités contenues dans le corps du poisson,
cavités qui se resserrent à mesure que celle de la vessie
s’agrandit, ou qu’autant que l’agrandissement momentané
de cet organe d’ascension produit une augmentation
de volume dans la totalité du corps de l’animal?
Peut-on assurer que cet accroissement dans le volume
total a toujours lieu? Le gaz hydrogène, en séjournant
dans la vessie natatoire ou dans d’autres parties de
l’intérieur du poisson, ne peut-il pas, selon les circonstances,
se combiner de manière à perdre sa nature,’
à n’être plus reconnoissable, et, phr exemple, à produire
de l’eau? Ce fait ne seroit-il pas une réponse aux objections
les plus fortes contre la décomposition de l’eau,'
opérée par les branchies des poissons? Si ces animaux
périssent dans de l’eau au-dessus de laquelle on fait
le vide, ne doit-on pas rapporter ce phénomène à des
déchiremens intérieurs et à la soustraction violente
des différens gaz que leur corps peut renfermer ?
Quelque opinion qu’on adopte sur la décomposition de
l’eau dans l’organe respiratoire des poissons, peut-on
expliquer ce qu’ils .éprouvent dans les vases placés sous
le récipient d’une machine pneumatique, autrement
que par des soustractions de gaz ou d’autres fluides
qui, plus légers que l’eau, sont déterminés, sous ce
récipient vide d’air, à se précipiter, pour ainsi dire, à
la surface d’un liquide qui n’est plus aussi comprimé*?
Lorsqu’on est obligé de briser la croûte de glace qui
recouvre un étang, afin de préserver de la mort les
poissons qui nagent au dessous, n’est-ce pas plutôt
* IJn poisson renfermé dans le vide pendant plusieurs heures paroît
d’abord environné de bulles, particulièrement auprès de la bouche et des
branchies ; il nage ensuite renversé sur le dos et le ventre gonflé5 il est enfin
immobile et roide : mais mis dans de l ’eau nouvelle exposée à l’a ir, il reprend
ses forces ; son ventre cependant reste retiré, et ce n’est qu’au bout
de quelques heures qu’il peut nager et se tenir sur son ventre. Voyez Boyle,
Transactions .philosophiques^ > an. 1 670.
TOME i f O