réunissez-y sur-tout des espèces de boucliers solides,
et des croûtes osseuses, sous lesquelles ces animaux
ont souvent une portion considérable de leur corps à
l ’abri, et qui les rapprochent, par de nouvelles conformités,
de la famille des tortues, et vous aurez sous
les yeux les différentes ressources que la nature a accordées
aux poissons pour les défendre contre leurs
nombreux ennemis, les diverses armes qui les protègent
contre les poursuites multipliées auxquelles ils
sont exposés. Mais ils n’ont pas reçu uniquement la
conformation qui leur étoit nécessaire pour se garantir
des dangers qui les menacent ; il leur a été aussi départi
de vrais moyens d’attaque, de véritables armes offensives
, souvent même d’autant plus redoutables pour
l’homme et les plus favorisés des animaux , qu’elles
peuvent être réunies à un corps d’un très-grand volume,
et mises en mouvement par une grande puissance.
Parmi ces armes dangereuses, jetons d'abord les yeux
sur les dents des poissons. Elles sont en général fortes
et nombreuses. Mais elles présentent différentes formes:
les unes sont un peu coniques ou comprimées, alongées,
cependant pointues, quelquefois dentelées sur leurs
bords, et souvent recourbées; les autres sont comprimées
, et terminées à leur extrémité par une lame
tranchante; d’autres enfin sont presque demi-sphériques,
ou même presque entièrement aplaties contre
leur base. C’est de leurs différentes formes, et non pas
de leur position et de leur insertion dans tel ou tel
os des mâchoires, qu’il faut tirer les divers noms que
l’on peut donner aux dents des poissons, et que l’on
doit conclure les usages auxquels elles peuvent servir.
Nous nommerons, en conséquence, dents molaires celles
qui, étant demi-sphériques ou très-aplaties, peuvent
facilement concasser, écraser, broyer les corps sur
lesquels elles agissent ; nous donnerons le nom àlincisives
aux dents comprimées dont le côté opposé aux
racines présente une sorte de lame avec laquelle l’animal
peut aisément couper, trancher et diviser, comme
l’homme et plusieurs quadrupèdes vivipares divisent.
tranchent et coupent avec leurs dents de devant; et
nous emploierons la dénomination de laniaires pour
celles qui, alongées, pointues, et souvent recourbées,,
accrochent, retiennent et déchirent la proie de l’animal.
Ces dernières sont celles que l’on voit le plus fréquemment
dans la bouche des poissons ; il n’y a même
qu’un très-petit nombre d’espèces qui en présentent
de molaires ou d’incisives. Au reste, ces trois sortes de
dents incisives, molaires, ou laniaires, sont revêtues
d’un émail assez épais dans presque tous les animaux
dont nous publions l’histoire ; elles diffèrent peu d’ailleurs
les unes des autres par la forme de leurs racines,
et par leur structure intérieure, qui en général est plus
simple que celle des dents de quadrupèdes à mamelles.
Dans les laniaires , par exemple , cette structure ne
présente souvent qu’une suite de cônes plus ou moins
réguliers, emboîtés les uus dans les autres, et dont le