avons vue s’agiter même dans l’oeuf, en déchirer l’enveloppe
et en sortir la première, qui, selon qu’elle est
plus ou moins longue, plus ou moins libre , plus ou
moins animée par des muscles puissans ,■ pousse en
avant avec plus ou moins de force le corps entier de
1 animal. Que l’on regarde un poisson s’élancer au milieu
de l’eau, on le verra frapper vivement ce fluide,
en portant rapidement sa queue à droite et à gauche.
Cette partie, qui se meut sur la portion postérieure du
corps, comme sur un pivot, rencontre obliquement les
couches latérales du fluide contre lesquelles elle agit ;
elle laisse d’ailleurs si peu d’intervalle entre les coups
quelle donne d’un côté et de l’autre, que l’effet de ses
impulsions successives équivaut à celui de deux actions
simultanées; et dès lors il n’est aucun physicien qui ne
voie que le corps, pressé entre les deux réactionsobliques
de l’eau, doit s’échapper par la diagonale de ces deux
forces, qui se confond avec la direction du corps et de
la tête du poisson. Il est évident que plus la que.ue est
aplatie par les côtés, plus elle tend à écarter l’eau par
une grande surface, et plus elle est repoussée avec vivacité,
et contraint 1 animal a s avancer avec promptitude.
Voilà pourquoi plus la nageoire qui termine la
queue et qui est placée verticalement présente une
grande étendue, et plus elle accroît la puissance d’un
levier qu elle alonge et dont elle augmente les points
de contact. Voilà pourquoi encore toutes les fois que
j ’ai divisé un genre de poissons en plusieurs sousrgenres,
j ’ai cru attacher à ces grouppes secondaires, des caractères
non seulement faciles à saisir, mais encore irnpor-
tans à considérer par leurs liaisons avec les habitudes
de f animal, en distinguant ces familles subordonnées
par la forme de la nageoire de la queue, ou très-avancée
en pointe, ou arrondie, ou rectiligne, ou creusée en
demi-cercle, ou profondément échaucrée en fourche.
C’est en se servant avec adresse cle ce t organe puissant,
en variant l’action de cette queue presque toujours si
mobile, en accroissant sa vitesse par toutes leurs forces,
ou en tempérant sa rapidité, en la portant d’un côté
plus vivement que d’un autre, en la repliant jusques
vers la tête, et en la débandant ensuite comme un
ressort violent, sur-tout lorsqu’ils nagent en partie au
dessus de la surface de l’eau, que les poissons accélèrent,
retardent leur mouvement, changent leur direction,
se tournent, se retournent, se précipitent, s’élèvent,
s’élancent au dessus du fluide auquel ils appartiennent,
franchissent de hautes cataractes, et sautent jusqu’à
plusieurs mètres de hauteur i.
La queue de ces animaux, cet instrument redoutable
di’attaque ou de défense, est donc aussi non seulement
le premier gouvernail, mais encore la principale rame
des poissons; ils en aident l’action par leurs nageoires
pectorales. Ces dernières nageoires, s’étendant ou se
resserrant à mesure que les rayons qui les soutiennent *
* Articles des squales et desaalmones.