de nombreuses ramifications artérielles et veineuses.1
Il est donc très-aisé, au premier coup d’oeil, de confondre
les gastrobra'nches avec les pétromyzons, ainsi
que Font fait d’habiles naturalistes : en les examinant
cependant avec attention, on voit facilement les différences
qui les séparent de celte famille. Tous les pétromyzons
ont sept branchies de chaque côté ; le gastrobranche
aveugle n'en a que six à droite et six à gauche,
et il est à présumer que le gastrobranche dombey
n’en a pas un plus grand nombre. Dans les pétromyzons,
chaque branchie a une ouverture extérieure qui lui est
particulière; dans le gastrobranche aveugle, il n’y a
que deux ouvertures extérieures pour douze branchies.
Les ouvertures branchiales des pétromyzons sont situées
sur les côtés et assez près de la tête ; celles des gastrobranches
sont placées sous le ventre. Les lèvres des
gastrobranches sont garnies de barbillons ; on n’en
voit point sur celles des pétromyzons. Les yeux des
pétromyzons sont assez grands; on n’a pas encore pu
reconnoître d’organe de la vue dans les gastrobranches,
et voilà pourquoi l’espèce dont nous parlons dans cet
article a reçu le nom d’aveugle.
On remarquera sans peine que presque tous les traits
qui empêchent de réunir les gastrobranches avec les
pétromyzons, concourent, avec un grand nombre de
ceux qui rapprochent ces deux familles , à faire mé-
connoître la véritable nature des gastrobranches, au
point de les retrancher de la classe des poissons , de les
placer dans celle des vers, et de les inscrire particulièrement
parmi ceux de ces derniers animaux auxquels
le nom d’intestinaux a été donné. Aussi plusieurs naturalistes,
et même Linné, ont-ils regardé les gastrobranches
aveugles comme formant une famille distincte
, qu’ils ont appelée myxine, et qui placée au
milieu des vers intestinaux, les repoussoit néanmoins,
pour ainsi dire, ne montrait point aux yeux les plus
exercés à examiner des vers, les rapports nécessaires
pour conserver avec convenance la place qu’on lui avoit
donnée, dérangeoit.en quelque sorte les distributions
méthodiques imaginées pour classer les nombreuses tribus
d’animaux dénués de sang rouge, et y causoit des
disparates d’autant plus frappantes, que ces méthodes
plus récentes étoient appuyées sur un plus grand nombre
de faits, et par conséquent plus perfectionnées *. Le
célèbre ichthyologiste, le docteur Bloch de Berlin, ayant
été à même d’observer soigneusement l’organisation
de ces gastrobranches , a bientôt vu leur véritable nature;
il les a restitués à la classe des poissons, à laquelle
les attache leur organe respiratoire , ainsi que la couleur
rouge de leur sang ; il a montré qu’ils appartenoient
à un genre voisin, mais distinct, de celui des pétromyzons
; et il les a fait connoître très en détail dans
un mémoire et par une planche enluminée très-exaete,
* Nous pourrions citer parmi ces dernières méthodes , le beau travail
fait parle citoyen Cuvier sur les animaux dits à sang blanc, et celui du
citoyen Lamarck sur les mêmes animaux.