L’OSTRACION TRIANGULAIRE} 8
O n diroit que la nature, en répandant la plus grande
variété parmi les êtres vivans et sensibles dont elle a
peuplé le globe ,n a cependant jamais cessé d’imprimer
à ses productions des traits de quelques formes remarquables,
dont on retrouve des images plus ou moins-
imparfaites dans presque toutes les classes d’animaux.
Ces formes générales, vers lesquelles les loix qui régissent
1 organisation des êtres animés, paroissent les
ramener sans cesse, sont comme des modèles, dont la
puissance créatrice semble avoir voulu s’écarter d’autant
moins, que les résultats de ces conformations *
* Ostracion trrqueter. Linné, édition de Gmelin.
Mus. ad, fr. i , p. 60.
Ostracion triangulus,tuberculis exiguis inmimeris, aculeis carens. Art edi,
g en. syn. 85.
Piscis triangularis ex toto cornibus carens, Lister, Appen, milugliby,
Ichthyol, p. 2o? tab.j , n. 18.
Raj. p. 4 , 5.
Seb. mus. 3, tab. 24 tfig. 6, 12.
Coffre triangulaire sans épines. Daubenton, Encyclopédie méthodique.
Coffre triangulaire. Bonnaterre, planches de l’Encyclopédie méthodique.
Piscis triangularis:Clusii, couchon, cochon, ou coffre à la Martinique.
Plumier y dessins sur vélin déjà cités.
L ’un des poissons coffres. Valmont-Bomare, Dictionnaire d’histoire na-
turellct
Ostracion triqueter, coffre lisse. Bloch, pl. i3o.
principales tendent presque tous à une plus sûre conservation
des especes et des individus. Le genre dont nous
allons nous occuper, va nous présenter un exemple frappant
de cette multiplication de copies plus ou moins'
ressemblantes d’un type préservateur, et de leur dissémination
dans presque toutes les classes des êtres organisés
et sensibles. Cette arme défensive, cette enveloppe
solide, cette cuirasse tutélaire , sous laquelle la nature
a mis à l’abri plusieurs des animaux dont Buffon, ou
nous, avons déjà donné l’histoire, nous allons la retrouver
autour du corps des ostracions ; et si nous poursuivons
nos recherches jusques au milieu de ces légions
innombrables d’êtres connus sous le nom d’animaux
a sang blanc, nous la reverrons, avec des dissemblances
plus ou moins grandes, sur des familles entières, et
sur des ordres nombreux en familles. L’épaisse cuirasse
et les bandes osseuses qui revêtent les tatous, la carapace
et le plastron qui défendent les tortues , les gros
tubercules et les lames très-dures qui protègent les
crocodiles, la croûte crétacée qui environne les'oursins,
le têt solide qui revêt les crustacées, et enfin les coquilles
pierreuses qui cachent un si grand nombre de
mollusques, sont autant d’empreintes d’une première
forme conservatrice, sur laquelle a été aussi modelée
la couverture la plus extérieure des ostracions; et voilà
pourquoi ces derniers animaux ont reçu le nom qu’ils jj
portent, et qui rappelle sans cesse le rapport, si digne
d attention , qui les lie avec les habitans des coquilles.