L A R M E M A N A T I A.
J ’ai reçu , il y a plusieurs années, un dessin que j’ai fait
graver, et une courte description écrite en italien, d’une
raie qui a beaucoup de ressemblances avec la mobular,
et qui, comme ce dernier cartilagineux, parvient à
une très-grande longueur. L’individu dont on m’a
envoyé dans le temps la figure, avoit plus de cinq
mètres (quinze pieds huit pouces) de long, depuis la
partie antérieure de la tête, jusqu’à l’extrémité de la
queue.
Le corps proprement dit, et les nageoires pectorales,
considérés ensemble, offroient un losange assez régulier,
dont la diagonale, qui marquoit la plus grande
largeur de ranimai, étoit longue de près de trois
mètres, ou neuf pieds. Chaque nageoire pectorale re-
présentoit ainsi un triangle isoscèle, dont la base sap-
puyoit sur le corps proprement dit, et dont le sommet
très-aigu, placé à l’extérieur, répbndoit au milieu du
dos. -
A l’anglè antérieur du losange * étoit la tète, d’un
volume assez petit relativement à celui du corps, et
terminée par-devant par une ligne presque droite. Cette
ligne avoit près d’un demi-mètre , ou un pied et demi
de longueur, et à chacun de ses bouts on voyoit un
appendice pointu, étroit, en forme d oreille exterieure,
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semblable à ceux que nous avons décrits sur la mobular,
et long de dix pouces, ou près de trois décimètres,
à compter du bout du museau de la manatia. Chacun
de ces deux appendices s’éteudoit au dessous de la teté
jusqu a l’angle de la bouche le plus voisin; mais on ne
remarquoit dans ces excroissances ni cavité, ni aucun
organe qui pût les faire considérer même, au premier
coup-d’oeil, comme les sièges de l’ouie.
L’ouverture de la bouche, située dans la partie inférieure
de la tête, n’étoit séparée de l’extrémité du museau
que par un intervalle'de quinze centimètres (de
cinq à six pouces), et n’avoit que trois décimètres (dix
pouces ou environ) de largeur; les narines étoient
placées au devant de cette ouverture; et les deux yeux
I’étoient de chaque côté de la tête, un peu plus près du
bout du museau que l’ouverture de la bouche. Derrière
chaque oeil, à l’endroit où le côté de la tête proprement
dite se réunissoit avec la nageoire pectorale, on distin-
guoit.un évent.
On ne voyoit d’aiguillon sur aucune portion de la
surface de l’animal; mais sa partie supérieure, recouverte
d’une peau épaisse, s’élevoit au milieu du dos, en
une bosse semblable à celle du chameau, suivant 1 auteur
de la description qui m’est parvenue.
Les nageoires ventrales etoient petites et recouveites
en partie parles nageoires pectorales; et il ny avoit
aucune nageoire dorsale ni sur le corps, ni sur la queue,
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