altération de la vessie natatoire pour empêcher des
poissons qu’on veut garder en vie dans de grands baquets,
de s’approcher de la surface de l’eau, et de
s’élancer ensuite par-dessus les bords de leur sorte de
réservoir.
Mais quel est le gaz qui s’introduit dans la vessie
natatoire? Notre savant et célèbre confrère le citoyen
Fourcroy a trouvé de l’azote dans l’organe aérien
d’une carpe d’un autre côté, le docteur Priestley s’est
assuré que la vessie natatoire de plusieurs poissons
contenoit, dans le moment où il l’a examinée, de
l ’oxygène mêlé avec une quantité plus ou moins considérable
d’un autre gaz, dont il n’a pas déterminé la
nature’ ; on lit dans les jinnales de chymie, publiées
en Angleterre par le docteur Dunkan, que le docteur
Francis Rigby Brodbelt, de la Jamaïque, n’a reconnu
dans la vessie d’un xiphias espadon que de l’oxygène
très-pur 3; et enfin celle de quelques tanches, que j’ai
examinée, renfermait du gaz hydrogène. Il est donc
vraisemblable que, suivant les circonstances dans lesquelles
on observera la vessie aérienne des poissons,
pendant que leur corps n’aura encore éprouvé aucune
altération, ou leur cadavre étant déjà très-corrompu ,
leur estomac étant vide ou rempli d’alimens plus ou
1 Annales de chymie , I , p. 47.
* Expériences de physique} vol. 2 > p. 4 62.
3 Annales de médecine par le docteur Dunkan, 1796, p. 393; et Journal
de physique j chymie et arts, par Nicholson , septembre 1797.
moins décomposés, leurs facultés n’étant retenues par.
aucun obstacle ou étant affoiblies par la maladie, on
trouvera, dans leur organe natatoire, des gaz de di&
férente nature. Ne pourroit-on pas dire, cependant
que le plus souvent cet organe se remplit de gaz
hydrogène? ne pourroit-on pas supposer que l’eau,
décomposée dans les branchies, fournit au sang l’oxygène
nécessaire à ce fluide ; que lorsque l’animal n’a
pas besoin de gonfler sa vessie aérienne, le second
principe de l’eau, l’hydrogène rendu libre par sa séparation
d’avec l’oxygène, se dissipe par les ouvertures
branchiales et par celle de la bouche, ou se combine
avec différentes parties du corps des poissons, dont
l’analyse a donné en effet beaucoup de ce gaz, et que
lorsqu’au contraire le poisson veut étendre l’organe qui
doit l’élever, ce gaz hydrogène', au* *lieu de se dissiper
ou de se combiner, se précipite par le canal pneumatique
que les muscles ne resserrent plus, et va
remplir une vessie qui n’est plus comprimée, et qui
est située dans la partie supérieure du corps? Sans
cette décomposition de l’eau, comment concevoir que
le poisson, qui dans une minute gonfle et resserre
plusieurs fois sa vessie, trouve à l’instant, à la portée
de cet organe, la quantité de gaz qu’il aspire et rejette?
Comment même pourra-t-il avoir à sa disposition, dans
les profondeurs immenses qu’il parcourt, et dans des
couches d’eau éloignées quelquefois de l'atmosphère
de plus de six mille mètres., une quantité d’oxygène