i 6 a h i s t o i r e n a t u r e l l e
qui étoit très-étroite dans toute son étendue, et terminée
par une nageoire fourchue.
Cette nageoire caudale paroît horizontale dans le
dessin que j’ai fait graver ; mais je crois que cette apparence
ne vient que d’une défectuosité dé ce même
dessin.
Il est donc bien aisé- de distinguer la manatia de la
mobular. Ces deux raies, que leur volume étendu rapproche
l’une de l’autre, sont cependant séparées par-
quatre caractères très-remarquables..
Les appendices du devant de la tête sont beaucoup,
plus courts sur la manatia que sur la mobular, a proportion
de la longueur totale de l’animal, puisqu’ils
ne sont sur la manatia que lë dix-neuvième de cette
longueur totale , tandis que: sur la mobular ils en sont;
le cinquième, ou à peu près..
Les nageoires pectorales sont conformées si différemment
sur la manatia et: sur la mobular, que dans ce-
dernier cartilagineux l’angle extérieur de ces nageoires
est au niveau des jeux,,et dans la manatia au niveau:
du milieu du dos.
Il j a une nageoire dorsale sur là mobular : il n’j en ;
a point sur la manatia.
Enfin la queue de la mobulâr n’est terminée par aucune
nageoire,, et l’on en voit une^fourchue au bout;
de la queue de là manatia..
La couleur de la partie supérieure de la raie que
nous cherchons à faire connoître, est d’un noir plus ou ;
moins foncé j et celle de la partie inférieure, dun
blanc assez éclatant.
La forme, la mobilité et la sensibilité des appendices
de la tête de la manatia, doivent faire de ces prolongations,
des sortes de tentacules qui, s’appliquant avec
facilité à la surface des corps, augmentent la délicatesse
du sens du toucher, et la vivacité de 1 instinct de
cette raie; et comme un sens plus exquis, et par conséquent
des ressources plus multipliées pour 1 attaque
et pour la défense; se trouvent joints ici à un volume
des plus grands et à une force tres-considérable , il
n’est pas surprenant que sur les rivages de l’Amérique.
voisins de l’équateur, qu’elle fréquente, elle ait reçu
le nom de manatia, presque semblable a celui de ma~
nati, imposé dans les mêmes contrées à un autre habitant
des eaux, très-remarquable aussi par l’étendue
de ses dimensions ainsi que par sa puissance, au lam
a n tin décrit par Buffon. C’est à cause de cette force,
de ce volume, et de cet instinct, qu’il faut particulièrement
rapporter à la manatia ce que Barrère ’ et
d’autres voyageurs ont dit de très-grandes raies des
mers américaines et équinoxiales, qui, s élançant avec
effort à une certaine hauteur au-dessus de la surface
de l’océan, et sé laissant ensuite retomber avec vitesse,
frappent les ondes avec bruit et par une surface très- *
* Trichecus manatus^ mamm. brut. — Idiu éd. de Gmeliiu
a Histoire naturelle de la France équinoxiale s par Barrère.