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requin. On n’a pas cru devoir le comparer à un animal
moins grand. Le milandre^a le museau aplati et alongé.
'Ses dents nombreuses., placées sur plusieurs rangs, et
un peu inclinées vers l’angle de la gueule le plus voisin,
ont une forme particulière qui seule peut faire
distinguer ce cartilagineux de tous les autres poissons
de sa famille : elles sont aplaties, triangulaires et dentelées,
comme celles du requin; mais elles présentent
sur un de leurs bords .verticaux une profonde échancrure
qui y forme un grand angle rentrant , et dont
les côtés sont dentelés. Nous avons fait graver la ligure
d’une grande mâchoire de milandre qui fait partie de
la collection du Muséum national d’histoire naturelle,
•et dont les dimensions doivent faire supposer, dans le
squale auquel elle a appartenu, au moins une longueur
de plus de quatre mètres ( douze pieds trois pouces huit
lignes). C’est donc avec raison qu’on a rapproché ce
squale du requin, sur l’échelle des grandeurs auxquelles
parviennent les différentes espèces de son genre.
Le milandre a d’ailleurs la langue arrondie et assez
large; les narines placées près de Fouverturé de la
bouche, et en partie fermées par un lobule court; les
évents très-petits et d’une forme alongée; les nageoires
pectorales longues et légèrement échancrées à leur
extrémité.
La première nageoire dorsale est presque également
éloignée de la base des pectorales et de celle des ventrales
; et la seconde est située en partie au dessus et en
B E S, P O I S S O N S. 2 3 g..
partie au devant de la nageoire de l’anus, qui est moins
près de cette ouverture-que de la nageoire dé la queue.1
Cette dernière nageoire-est, au reste, divisée eu deux
lobes inégaux, et la peau est chagrinée ou revêtue de-
petits tubercules.
Le citojen Broussonnet, qui a décrit un individu de-
cette espèce dans1 le port de Cetteassure, d’a'près le
témoignage des marins,.que la chair du milandre est
très-dure et répand une odeur désagréable; On la fait
cependant quelquefois sécher; « mais l'abondance et le-
» bon-marché de cet aliment, dit ce naturaliste, peuvent
»•seuls déterminer des pêcheurs affamés à s’eu nourrir. »1
D’un autre côté, le milandre doit êtrp moins fréquemment
et moins vivement recherché que plusieurs
autres squales, parce-qu’on ne peut lë pêcher qu’avec-
beaucoup dé précautions. Il est en effet très-fort et très-
grand; et n étant pas, très-éloigné du requin par sa
taille,, i 1 est, comme lui, très-féroce, très-sa ngu in a ire et
très-hardi, Sa voracité et son audace lui font même
quelquefois oublier le soin de sa sûreté,, au point de
s élancer hors de l’eau jusques sur la côte,.et de se jeter.
sur les hommes qui n’ont pas encore-quitté le rivage..
Nous croyons en conséquence, et avec Rondelet-, que le -
milandre est le squale auquel Plinedoune le nom de-
caincula, et (pie cet éloquent écrivain peint: avec des;
couleurs .si vives „attaquant et immolant les-plongeurs,
qu’il surprend; occupés,à la recherche du corail, des,
éponges.,, ou d’autres productions marines, G’est uni