nature des objets d’avec leurs accessoires 'accidentels,
ne pourroit-il pas, dis-je, être considéré comme une
espèce de supplément .au sens du goût de la. bâtis?
Quoi qu’il en soit de cette conjecture, l’on peut voir
évidemment que la partie antérieure de la tête de la
bâtis, non seulement présente l’organe de-fouie, celui
de l’odorat, et un des sièges principaux de celui du
toucher, mais encore nous montre ces trois organes
intimement liés par ces rameaux du nerf acoustique,.
qui parviennent jusques dans les narines , et vont ensuite
être un siège de sensations délicates à l’extrémité
du museau. Ne résulte-t-il pas de cette distribution du
nerf acoustique, que non seulement les trois sens de
l’ouie, de l’odorat, et du toucher, très-rapprochés par
une sorte de juxta-position dans la partie anterieure de
la tète, peuvent être facilement ébranlés à la fois par
la présence d’un objet extérieur dont ils doivent dès-lors;
donner à l’animal une sensation générale bien plus
étendue, bien plus vive, et bien plus distincte , mais
encore que, réunis par les rameaux de la cinquième
paire qui vont de l’un à l’autre, et les enchaînent ainsi
par des cordes sensibles, ils doivent recevoir souvent
un mouvement indirect d un objet qui sans cette communication
nerveuse n’auroit agi que sur un ou deux
des trois sens, et tenir de cette commotion intérieure
la faculté de transmettre à la bâtis un sentiment
plus fort, et même de céder à des impressions extérieures
dont l’effet auroit été nul sans cette espèce
d’agitation interne due au rameau du nerf acoustique?
Maintenant, si l’on rappelle les réflexions profondes et
philosophiques faites par Buffon dans fhistoire de l’éléphant,
au sujet de la réunion d’un odorat exquis , et
•d’un toucher délicat à l’extrémité de ; la trompe de ce
grand animal, très-digne d’attention par la supériorité
de son instinct; si l’on se souvient des raisons qu’il a
exposées pour établir un rapport nécessaire entre fin-
telligencè de l’éléphant et la proximité de ses organes
du toucher et de l’odorat, ne devr-à-t-on pas penser que
la bâtis et les autres raies, qui présentent assez près l’un
de l’autre non seulement les sièges de l’odorat et du toucher,
mais encore celui de l’ouie, et dont un rameau de
nerfs lie et réunit intimement tous ces organes, doivent
avoir un instinct très-remarquable dans la classe des
poissons? De plus, nous venons de voir que l’odorat de
la bâtis, ainsi que des autres raies, étoit bien plus actif
que .celui de la plupart dés habitâns de la /ner; nous
savons,.d’un autre côté *, que le sens le plus délicat des
poissons, et celui qui doit influer avec le plus de force
et de constance sur leurs affections, ainsi que sur leurs
habitudes, est celui de l’odorat; et nous devons conclure
de cette dernière vérité, que le poisson dans lequel
l’organe de l’odorat est le plus sensible doit, tout égal
cL’ailleurs , présenter le plus grand nombre de traits
d’une sorte d’intelligence. En réunissant toutes ces vues ,