de coques trop grosses pour la capacité de ses organes.
L’on a écrit que cet accouplement du mâle et de la
femelle se répétoit presque tous les mois pendant la
belle saison; ce qui supposeroit peut-être que près dfe
trente jours s’écoulent entre le moment où l’oeuf est
fécondé et celui, où il éclot, et que par conséquent il_y
a, dans l’espèce de la bâtis, une sorte d’incubation
intérieure de près de trente jours.
Au reste, dans tous ces accouple m en s successifs, le
hasard seul ramène le même mâle auprès de la même
femelle; et si les raies et quelques autres poissons nous
montrent au milieu des eaux l’image'd’une sensibilité
assez active, que nous offrent également au sein des
flots les divers cétacées, les phoques, lès lamantins, les
oiseaux aquatiques, plusieurs quadrupèdes ovipares^
et particulièrement les tortues marines, avec lesquelles-
l ’on doit s’appercevoir fréquemment que les raies ont
d’assez grands rapports, nous ne verrons au milieu de
la classe des poissons, quelque nombreuse quelle soit-,
presque aucune apparence dè préférence marquée ,
d’attachement de choix-, d’affection pour ainsi dire
désintéressée, et de constance- même cfune saison.
Il arrive quelquefois que les oeufs non fécondés grossissent
trop promptement pour pouvoir demeurer aussi
long-temps qu’à l’ordinaire dans la portion antérieure
des ovaires. Poussés alors contre les cocjues déjà fécondées,
ils les pressent, et accélèrent leur sortie ; et lorsque
leur action est. secondée par d’autres causes, il arrive
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que la bâtis mère est obligée de se débarrasser des
oeufs qui ont reçu la liqueur vivifiante du mâle, avant
que les foetus en soient sortis. D’autres circonstances
analogues peuvent produire des aceidens semblables;
et alors les jeunes raies éclosent comme presque tous
les autres poissons, c’est-à-dire hors du ventre de la
femelle : les coques, dont elles doivent se dégager,
peuvent même être pondues plusieurs jours avant que
le foetus ait assez de- force pour, déchirer l’enveloppe
qui le renferme ; et, pendant ce temps plus ou moins-
long, il se nourrit,, comme s’il étoit encore dans le
ventre de sa mère, de la substance alimentaire conte*-
nue dans son oeuf, dont l’intérieur présente un jaune
et un blanc très-distincts l’un de-l’autre..
L’on n’a pas assez observé les raies bâtis pour savoir
dans quelle proportion elles croissent, relativement à
la durée de leur développement, ni pendant combien
de temps elles continuent.de grandir ; mais il est bien
prouvé par les relations d’un très-grand nombre de
v-ojageurs dignes de foi, quelles parviennent à une
grandeur assez considérable pour peser plus de dix
my ria gr a mm es (deux centslivres, ou environ) *, et pour
* On peut voir clans Labat et dans d’autres-voyageurs ce? qu’ils disent de
raies de quatre mètres (énviron douze pieds) de longueur ; mais des observations
récentes et assez multipliées attribuent aux- bacis-une longueur plus étendue.
Ou pçut voir aussi dans- Y Histoire naturelle de'la France équinoxiale
par Barrère, la description du mouvement communiqué aux eaux de la mer
par les grandes raies, et dont nous avons parlé au commencement de cet t
article.