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important encore pour le physicien. Les branchies ne
sont pas, à la rigueur, le seul organe par lequel les
poissons respirent : par-tout où leur sang est très-dîvisé,
et très-rapproché de l’eau, il peut, par son affinité,
tirer directement de ce fluide, ou de l’air que cette
même eau contient, l'oxygène qui lui est nécessaire.
Or, non seulement les tégumens des poissons sont
perpétuellement environnés d’eau , mais ce même
liquide arrose souvent l’intérieur de leur canal intestinal
, y séjourne même; et comme ce canal est
entouré d’une très-grande quantité de vaisseaux sanguins,
il doit s’opérer, dans sa longue cavité, ainsi
qu’à la surface extérieure de l’animal, une absorption,
plus ou moins fréquente d’oxygène, un dégagement
plus ou moins grand de principes corrupteurs du sang.
Le poisson respire donc et par ses branchies, et par sa
peau, et par son tube intestinal;,et le voilà lié, par
une nouvelle ressemblance, avec des animaux plus parfaits.
Au reste, de quelque manière que le sang obtienne
l’oxygène, c’est lorsqu’il a été combiné avec ce gaz ,
qu’ayant reçu d’ailleurs des vaisseaux absorbans-, les
principes de la nutrition, il jouit de ses qualités dans
toute leur plénitude. C’est après cette union que, circulant
avec la vitesse qui lui convient dans toutes les
parties du corps, il entretient, répare, produit, anime,
vivifie. C’est alors que, par exemple, les muscles doivent
à ce fluide leur accroissement, leurs principes conser-
SUR LA NATURE DES POISSONS. xlvij
vateurs, et le maintien de l’irritabilité qui les caractérise.
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Ces organes intérieurs de mouvement ne présentent,,
dans les poissons , qu’un très-petit nombre de différences
générales et sensibles , avec ceux des autres
animaux à sang rouge. Leurs tendons s’insèrent, à la
vérité, dans la peau, ce qu’on ne voit ni dans l’homme,
ni dans la plupart des quadrupèdes: mais on retrouve
la même disposition non seulement dans les serpens
qui sont revêtus d’écailles, mais encore dans le porc-
épic et dans le hérisson, qui sont couverts de piquans.
On peut cependant distinguer les muscles des poissons
par la forme des fibres qui les composent, et par le
degré de leur irritabilité *. Én effet, ils peuvent se
séparer encore plus facilement que les muscles des
animaux plus composés , en fibres très - déliées ; et
* Nous croyons devoir indiquer dans cette note le nombre et la plaoe
des principaux muscles des poissons.
Premièrement, on voit re'gner de chaque côté du corps un muscle qui
s’étend-depuis la tête jusqu’à l’extrémité de la-queue, et qui est composé
de plusieurs muscles transversaux , semblables les uns aux autres, parallèles
entre eux, et placés obliquement.
Secondement, la partie supérieure du corps et dé la queue est recouverte
par deux muscles longitudinaux, que l’on a nommés d o r s a u x et qui
occupent l’intervalle laissé par les muscles des côtés. Lorsqu’il, y a une
nageoire sur le dos, ces muscles dorsaux sont interrompus à l ’endroit
de cette nageoire , et par conséquent il y en a; quatre au lieu de deux ;
on en compte s ix , par une raison semblable, lorsqu’il y a deux nageoires
sur le dos , et-huit,.lorsqu’on voit trois nageoires dorsales-.
Troisièmement, les muscles latéraux se réunissent au dessous du corps'