Mous essayons de présenter les traits, qu’ont eu en vue
les inventeurs des mythologiès, ou les auteurs des opinions
religieuses adoptées par les Grecs et par les
autres peuples placés sur les rivages de cette même mer.
Il paroît que c’est dans le vaste estomac d’un immense
requin qu’ils ont annoncé qu’un de leurs héros ou de
leurs demi-dieux avoit vécu pendant trois jours et trois,
nuits; et ce qui doit fairecroire d’autant plus aisément
qu’ils ont dans leur récit voulu parler de ce squale, et-
qu’ils n’ont désigné aucun des autres animaux marins
qu’ils comprennent avec ce poisson sous la dénomination
générale de cete, c’est que l'on a écrit qu’un très-
long requin pouvoit avoir l’oesophage et l’estomac assez
étendus pour engloutir de très-grands animaux sans les .
blesser, et pour les rendre encore en vie à là lumière..
Les requins sont très-répandus dans toutes lès mers.
Il n’est donc pas surprenant que leurs dépouilles pétrifiées,
et plus ou moins entières, se trouvent dans un si
grand nombre de montagnes et d’autres endroits du
globe autrefois recouverts par les eaux de l’Océan. On
a découvert une de ces dépouilles, presque complète,.
dans l’intérieur du MunU-bolca, montagne volcanique
des environs de Vérone, célèbre par les pétrifications
de poissons qu’elle renferme, et qui, devenue depuis le
dix-huitième siècle l’objet des recherches de savans
Véronois, leur afourniplusieurscollèctions précieuses*,
* Deux de ces riches collections, formées l ’üne par l’illustre marquis Sciet
particulièrement celle que l’on a due aux soins
éclairés de M. Vincent Bozza et du comte Jean-Baptiste
Gazola. C’est à cette dernière collection qu’appartient
ce requin pétrifié qui a près de sept décimètres
(vingt-cinq pouces six lignes) de longueur, et
dont On peut voir la figure dans l’Ichtliyolilhologie véronois
e *, bel ouvrage que publie dans ce moment une
société de physiciens de Vérone. Mais il est rare de
voir, dans les différentes couches du globe , des restes
un peu entiers de requin; on n’en trouve ordinairement
que des ffagmens; et celles des portions de cet animal
qui sont répandues presque dans toutes les contrées,
sont ses dents amenées à un état de pétrification plus
ou moins complet. Ces parties sont les substances les
plus dures de toutes celles qui composent le corps
du requin; il est donc naturel qu’elles soient les plus
communes dans les couches de la terre. Les premières
dont les naturalistes se soient beaucoup occupés avoient
été apportées de l’isle de Malte, où l’on en voit en très-
grande quantité; et comme ces corps pétrifiés, ou ces
espèces de pierres d’une forme extraordinaire pour
beaucoup de personnes, se sont liés, dans le temps et
dans beaucoup de têtes, avec l’histoire de l’arrivée de
saint Paul à Malte, ainsi qu’avec la tradition de grands
pion Mafféi, et l’autre par M. Jean-Jacques Spada, ont appartenu au
célèbre Seguier de Nîmes, et ont été dans le temps transportées dans cette
dernière vflle.
* Seconde partiepage io , pl. i.