L A R A I E T H O U I N.
C e t t e belle espèce de raie, très^remarquable par sa
forme ainsi que par la disposition de ses couleurs, et
dont la description n’a encore été publiée par aucun
naturaliste, est un des innombrables trophées de la
valeur des armées françoises. L’individu que nous avons
fait graver, fait partie de la célèbre collection d’objets
d’histoire naturellè, conservée pendant long-temps a
la Haye,"cédée à la France par la nation hollandoise
son alliée, après que la victoire a eu fait flotter le drapeau
tricolor jusques sur les bords du Zuiderzée, et
qui décore maintenant les galeries du Muséum d’histoire
naturelle de Paris. Ces précieux objets ayant été
recueillis en Hollande et transportés en France par les
soins de deux de mes collègues les professeurs Thouin
et Faujas Saint-Fond, que le gouvernement françois
avoit envoyés au milieu de nos légions conquérantes
pour accroître le domaine des sciences naturelles ,
pendant que nos braves soldats ajoutoient à notre
territoire, j’ai cru devoir chercher à perpétuer les
témoignages de reconnoissance qu’ils ont reçus des
naturalistes, en donnant leurs noms à deux des espèces
de poissons dont on va leur devoir la connoissance et
la publication *. J ’ai distingué en conséquence par le
* Voyez l’article relatif à la nomenclature des poissons»
nom àe faujas une des lophies dont nous allons donner
l’histoire, et par celui de thouin la raie dont nous nous
occupons dans cet article.
La raie thouin a les dents aplaties et disposées sur
plusieurs rangs comme celles de toutes les raies comprises
dans le troisième et dans le quatrième sous-genre.
Son museau, beaucoup plus transparent que celui de
la plupart des autres raies, est terminé par une prolongation
souple assez étendue, et plus longue que l’intervalle
qui sépare les deux yeux.
Le dessus du corps et des nageoires pectorales est
d’une couleur noire ou très-foncée; mais le museau est
d’un blanc deneige très-éclatant, excepté à son extrémité,
où il est brun, et dans le milieu de sa longueur,
où il présente la même couleur obscure. Cette raie longitudinale
brune s’étend sur le devant de la tête, qui,
dans tout le reste de sa partie antérieure, est d’un blanc
très-pur; et elle s’y réunit à la couleur très-foncée de
l’entre-deux des yeux, de la partie postérieure de la tête,
et du dessus du corps.
Tout le dessous de l’animal est d’un beau blanc.
Les yeux sont recouverts presque à demi par une
prolongation de la peau de la tête, comme ceux de la
bâtis ; et derrière ces organes on voit de très-grands
évents.
L ouverture des narines , située obliquement au
dessous du museau et au devant de la bouche, présente
la forme d’un ovale irrégulier et très-alongé, et est