et resplendissantes, l’emportent par la variété et la
beaute de leurs couleurs sur ceux des zones tempérées,
ils cèdent cependant en richesse de parure à ceux
qui vivent dans les eaux échauffées de la zone torride.
Dans ces pajs, dont l’atmosphère est brûlante, la
chaleur ne doit-elle pas donner une nouvelle activité
à la lumière, accroître la force attractive de ce fluide,
faciliter ses combinaisons avec la matière des écailles,
et donner ainsi naissance à des nuances bien plus
éclatantes et bien plus diversifiées? Aussi, dans ces
climats où tout porte l’empreinte de la puissance
solaire, voit-on quelques espèces de poissons montrer
jusques sur la portion découverte de la membrane
de leurs branchies, des élémens d’écailles luisantes,
une Sorte de poussière argentée. ,•
Mais ce n’est qu’au milieu des ondes douces ou
salées que les poissons peuvent présenter leur décoration
élégante ousuperbe. Cen’est qu’au milieudu fluide
le plus analogue à leur nature, que, jouissant de toutes
leurs facultés, ils animent leurs couleurs par tous les
mouvemens intérieurs que leurs ressorts peuvent produire.
Ce n’est qu’au milieu de l’eau qu’indépendam-
ment du vernis huileux et transparent élaboré dans
leurs organes, leurs nuances sont embellies par un
second vernis que forment les couches de liquide au
travers desquelles on les apperçoit.
Lorsque ces animaux sont hors de ce fluide, leurs
forces diminuent, leur vie s’affoiblit, leurs mouve-
S U R L À N A T U R E D E S P O I S S O N S . 1XXXV
mens se ralentissent, leurs couleurs se fanent, le suc
visqueux se dessèche; les écailles n’étant plus ramollies
par cette substance huileuse, ni humectées par l’eau,
s’altèrent; les vaisseaux destinés à les réparer s’obstruent,
et les nuances dues aux écailles ou au corps
même de l’animal changent et souvent disparoissent,
sans qu’aucune nouvelle teinte indique la place qu’elles
occupoient.
Pendant que le poisson jouit, au milieu du fluide
qu’il préfère, de toute l’activité dont il peut être doué,
ses teintes offrent aussi quelquefois des changemens
fréquens et rapides, soit dans leurs nuances, soit dans
leur ton, soit dans l’espace sur lequel elles sont étendues.
Des mouvemens violens, des sentimens plus ou moins
puissans, tels que la crainte ou la colère, des sensations
soudaines de froid ou de chaud, peuvent faire
naître ces altérations de couleur, très-analogues à
celles que nous avons remarquées dans le caméléon
ainsi que dans plusieurs autres animaux; mais il est
aisé de voir que ces changemens ne peuvent avoir lieu
que dans les teintes produites, en tout ou en partie,
par le sang et les autres liquides susceptibles detre
pressés ou ralentis dans leur cours.
Maintenant nous, avons exposé les formes extérieures
et les organes intérieurs du poisson ; il se montre dans
toute sa puissance et dans toute sa beauté. Il existe
devant nous, il respire, il vit, il est sensible. Qu’il
obéisse aux impulsions de la nature , qu’il déploie