Ces mâchoires, placées hors des lèvres , fortes et
crénelées, sont très-propres à écraser les crustacées et
les coquillages, dont les tétrodons se nourrissent souvent.
Ges poissons ont, par la nature de cet appétit
pour les animaux revêtus d’un têt ou d’une coquille r
un rapport d habitude avec les ostraeions, auxquels ils
ressemblent aussi par des traits de leur conformation.
Comme les ostraeions, ils ont une membrane branchiale
et un opercule : la membrane est communément
dénuée de rajons; et l’opercule, plus ou moins
difficile à distinguer, sur tout dans les individus desséchés
ou altérés d’une autre manière, consiste ordinairement
dans une petite plaque cartilagineuse. Ils n’ont
pas reçu de la puissance créatrice cette enveloppe solide
dans laquelle la plus grande partie du corps des ostra-
çions est garantie de la dent de plusieurs poissons
assez forts et assez bien armés ; la nature ne leur a
pas donné les boucliers larges et épais qu’elle a disposés
sur le dos des acipensères; elle ne les a pas revêtus de
la peau épaisse des batistes : mais une partie plus ou
moins grande de leur surface est hérissée, dans presque
toutes les espèces de cette famille, de petits piquans
dont le nombre compense la brièveté. Ces pointes
blessent assez la main qui veut retenir le poisson, ou
1 animal qui veut le saisir, pour contraindre souvent
à lâcher prise et à cesser de poursuivre le tétrodon ;
et il est à remarquer que la seule espèce de ce genre
que Ion ait vue absolument sans aiguillons, a été
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douée, pour se défendre, de la force et de la grandeur.
Mais, indépendamment de ces armes , au moins très-
multipliées, si elles sont peu visibles, les tétrodons
jouissent d’une faculté qui leur est utile dans beaucoup
de circonstances , et qü’ils possèdent à'un plus haut
degré que presque tous les poissons connus.
Nous avons vu les balistes, et d’autres cartilagineux,
gonfler une partie de leur corps à volonté et d’une
manière plus ou moins sensible. Les tétrodons enflent
ainsi leur partie inférieure ; mais ils peuvent donner
à cette partie une extension si considérable , qu’elle
devient comme une grosse boule soufflée, dans la portion
supérieure de laquelle dispafoît, pour ainsi dire,
quelquefois, le corps proprement dit, quelque cylindrique
ou quelque conique que soit sa forme. Us usent
de cette faculté , et s’arrondissent plus ou moins, suivant
les différens besoins qu’ils veulent satisfaire ; et
de ces gonflemens plus ou moins considérables, sont
venues les erreurs de plusieurs observateurs qui ont
rapporté à differentes espèces, des individus de la
même, enflés et étendus à des degrés inégaux.
Mais quelle est précisément la partie de leur corps
dont les tétrodons peuvent augmenter le volume en y
introduisant ou de l’air atmosphérique, ou un gaz, ou
un fluide quelconque? C’est une sorte de sac formé par
une membrane située entre les intestins et le péritoine
qui les couvre; ët cette pellicule très souple est la membrane
interne de ce même péritoine.. Au reste,un habile