Tout le monde sait que les objets opaques et non
resplendissais ne disparoissent pendant le jour, et
n échappent à une bonne vue, qu a peu près à la distance
de trois mille six cents fois leur diamètre. Le té-
trodon lune péché sur les côtes d’Irlande auroit donc
pu etre apperçu, pendant le jour, à la distance au moins
de quatorze mille toises, s il avoit été placé hors de
l’eau, de la manière la plus favorable. Mais, pendant la
nuit, dans quel éloignement bien plus grand à proportion
ne voit-on pas le corps lumineux le plus petit!
Cependant, comme l’eau, et sur-tout les vagues agitées
de la mer, interceptent une très-grande quantité de
rayons lumineux, on ne doit voir de très-loin les plus
grands tétrodons lunes, malgré toute leur phosphores.'
cence, que lorsqu’ils sont très-près de la surface des
mers, et que l’on est placé sur des côtes, ou d’autres
points très-élevés, cette double position ne laissant aux
rayons^de lumière qui partent de l’animal et aboutissent
à l’oeil de l’observateur, qu’un court trajet à faire au
travers des couches d’eau.
Lorsque le tétrodon lune est parvenu à de grandes
dimensions, lorsqu’il a atteint la longueur de plusieurs
pieds, il pèse quelquefois jusqu’à cinq cents livres; et
On a pris, en effet, auprès de Plymouth, il n’y a pas
un très long temps, un poisson dé cette espèce , dont
le poids étoit de cinq cents livres, ou près de vingt-
cinq myriagrammes.
Les tétrodons lunes peuvent donc, relativement à la
grandeur, être placés à côté des cartilagineux doht
les dimensions sont les plus prolongées ; et comme leurs
deux surfaces, latérales sont tres-étendues à proportion
de leur masse totale, on peut particulièrement les rapprocher
des grandes raies, dont le corps est également
comprimé de manière à présenter un déploiement très-
considérable , quoique dans un sens différent. Mais
s’ils offrent la longueur des grands squales, s’ils les surpassent
même en hauteur, ils n’en ont reçu ni la force,
ni la férocité. Leurs muscles sont bien moins-puissans
que ceux de ces squales très-alongés ; et leur bouche ,
quoique garnie de quatre dents larges et fortes , montre
une ouverture trop petite, pour qu’ils aient jamais pu
contracter l’habitude de poursuivre un ennemi redoutable,
et de livrer des combats hasardeux*.
Les nageoires pectorales sont assez éloignées de l’extrémité
du museau, et leur mouvement se fait de haut
en bas, beaucoup plus que d’avant en arrière. Celle
du dos et celle de l’anus sont très-alongées, et composées
de rayons très-inégaux, dont les plus antérieurs
sont les plus longs. La nageoire de la queue peut être
comparée à une bande étroite placée à la partie postérieure
de l’animal, que l’on seroit tenté de regarder
comme tronquée; et elle est étroitement liée avec les
* Le plus grand diamètre de la bouche n’étoit que d’un pouce et demi
dans un individu long de trois pieds un pouce. Note communiquée par
le citoyen Cuvier.
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