attribut puissant et fécond que l’animal seul possède;
trop rapproché d’un simple automate, il n’est animé
qu’à demi. Complétons ses facultés; éveillons tous ses;
organes; pénétrons-le de ce fluide subtil, de cet agent
merveilleux, dont l’antique et créatrice mythologie lit
Une émanation du feu sacre ravi dans le ciel par 1 audacieux
Prométhée : il n’a reçu que la vie ; donnons-lui
le sentiment.
Voyons donc et la source et le degré de cette sensibilité
départie aux êtres devenus les objets de notre
attention particulière; ou, ce qui est la meme chose,
observons l’ensemble de leur système nerveux.
Le cerveau, la première origine des nerfs, et par
conséquent des organes du sentiment, est tres-petit
dans les poissons, relativement à l etendue de leur tete:
il est divisé en plusieurs lobes; mais le nombre, la
grandeur de ces lobes-, et leurs Séparations, diminuent
à mesure que l’on s’éloigne des1 cartilagineux, particulièrement
des raies et des squales, et qu en parcourant
les espèces d’osseux dont lé corps tres-alonge ressemble,
par'sà forme extérieure, a celui d un serpent, ainsi que
celles dont la figure est plus ou moins iconique, on
arrive aux familles de ces mêmes osseux qui, telles que
les pleur on ectes,' présentent le plus grand aplatissement!
M :
- Communément la partie intérieure du cerveau est
un peu brune, pendant que l’extérieure ou la corticale
est blanche et grasse. La moelle épinière, qui part dç
cet organe, et de laquelle dérivent tous les nerfs qui
n’émanent pas directement du cerveau , s’étend le long
de la colonne vertébrale jusqu’à l’extrémité de la queue ;
mais nous avons déjà dit qu’au lieu de pénétrer dans
l’intérieur des vertèbres, elle en parcourt le dessus, en
traversant la base des éminences pointues, ou apophyses
supérieures, que présentent ces mêmes vertèbres.
Il n’ést donc pas surprenant que, dans les espèces de
poissons dont ces apophyses sont un peu éloignées les
unes des autres à cause de la longueur des vertèbres,
la moëlle épinière ne soit mise à l’abri sur plusieurs
points de la colonne dorsale, que par des muscles, la
peau et des écailles.
Mais l’énergie du système nerveux n’est pas uniquement
le produit du cerveau ; elle dépend aussi de la
moëlle épinière ; elle réside même dans chaque nerf,
et elle en émane d’autant plus que l’on est plus loin
de l’homme et des animaux très-composés, et plus près
par conséquent des insectes et des vers, dont les diffé-
rens organes paroissent plus indépendans les uns des
autres dans leur jeu et dans leur existence.
Les nerfs des poissons sont aussi grands à proportion
que ceux des animaux à mamelles, quoiqu’ils proviennent
d’un cerveau beaucoup plus petit.
Tâchons ’cependant d’avancer vers notre but de la
manière la plus prompte et la plus sûre, et examinons
les organes particuliers dans lesquels les extrémités de
ces nerfs s’épanouissent, qui reçoivent l’action des
TOME J . H