moins voisines des vaisseaux réparateurs, elles sont dénaturées
au point nécessaire pour réfléchir les rayons
jaunes; une décomposition plus avancée introduit dans
leur figure, dans leur pesanteur, dans leur grandeur,
dans leur combinaison, des rapports tels* que la cou-
leur verte doit paroitre une seconde fois; et enfin des
changemens plus intimes ramènent le jaune à l’extrémité
delà série. Quelqu’un ignore-t-il, en effet, que
plusieurs causes réunies peuvent produire les mêmes
effets que plusieurs autres causes agissantes ensemble
et tres-différentes, pourvu que dans ces deux grouppes
la dissemblance des combinaisons compense les différences
de nature? et, d un autre côté, ne remarque-t-on
pas aisément qu’au lieu d’admettre sans vraisemblance
des changemens rapides dans des vaisseaux nourriciers*
dans des organes essentiels, nous n’en exigeons que
dans des molécules expulsées, et qui, à chaque instant*
perdent de leur propriété en étant privées de quelques
unes de leurs qualités animales ou organiques ?
De quelque manière et dans quelque partie du corps
de 1 animal que soit élaborée la matière propre à
former ou entretenir les écailles, nous n’avons pas
besoin de dire que ses principes doivent être modifiés
par la nature des ali mens que le poisson préfère.
On peut remarquer particulièrement que presque tous
les poissons qui se nourrissent des animaux à coquille*
présentent des couleurs très-variées et très-éclatantes.
Et comment des êtres organisés, tels que les testa-
SUR LÀ NÀTURE DES POISSONS, lxxxiij
cées, dont les sucs teignent d’une manière très-vive et
très-diversifiée l’enveloppe solide qu’ils forment, ne
conserveroient-ils pas assez de leurs propriétés pour
colorer d’une manière très-brillante les rudimens écailleux
dont leurs produits composent la base ?
L’on conclura aussi très-aisément de tout ce que
nous venons d’exposer, que, dans toutes les plages où
une quantité de lumière plus abondante pourra pénétrer
dans le sein des eaux, les poissons se montreront
parés d’un plus grand nombre de riches nuances.
Et en effet, ceux qui resplendissent comme les métaux
les plus polis, ou les gemmes les plus précieuses,
se trouvent particulièrement dans ces mers renfermées
entre les deux tropiques, et dont la surface est
si fréquemment inondée des rayons d’un soleil régnant
sans nuage au dessus de ces contrées équatoriales,
et pouvant, sans contrainte, y remplir l’atmosphère
xle sa vive splendeur. On les rencontre aussi, ces
poissons décorés avec tant de magnificence, au milieu
de ces mers polaires où des montagnes de glace, et des
neiges éternelles durcies par le froid, réfléchissent,
multiplient par des milliers de surfaces, et rendent
éblouissante la lumière que la lune et les aurores
boréales répandent pendant les lougues nuits des zones
glaciales, et eelle qu’y verse le soleil pendant les longs
jours de ces plages hyperboréennes.
Si ces poissons qui habitent au milieu ou au dessous
de masses congelées, mais fréquemment illuminées