les véritables-poissons; voici, pour ainsi dire, le sceau
'de leur essence. La rougeur plus ou moins vive du sang
des poissons empêche, dans tous les temps et dans
tous les lieux, de les confondre avec les insectes, les
vers, et tous les êtres vivans auxquels le nom d’animaux
à sang blanc a été donné. Il ne faut donc plus que
réunir à ce caractère un second signe aussi sensible,
aussi permanent, d’après lequel on puisse, dans toutes
les circonstances, tracer d’une main sûre une ligne
de démarcation entre les objets actuels de notre étude,
et les reptiles, les quadrupèdes ovipares, les oiseaux,
les quadrupèdes vivipares, et l’homme, qui tous ont
reçu un sang plus ou moins rouge, comme les poissons.
Il faut sur-tout que cette seconde marque caractéristique
sépare ces derniers d’avec les cétacées, que
l’on a si souvent confondus avec eux, et qui néanmoins
sont compris parmi les animaux à mamelles, au
milieu ou à la suite des quadrupèdes vivipares, avec
lesquels ils sont réunis par les liens les plus étroits. Or
l’homme, les animaux à mamelles , les oiseaux, les
quadrupèdes ovipares, les serpens, ne peuvent vivre, au
moins pendant long-temps, qu’au milieu de l’air de
l’atmosphère, et ne respirent que par de véritables
poumons, tandis que les poissons ont un organe respiratoire
auquel le nom de branchies a été donné, dont
la forme et la nature sont très-différentes de celles des
poumons, et qui ne peuvent servir, au moins longtemps,
que dans l’eau, à entretenir la vie de l’animal.
Nous ne donnerons donc le nom de poisson qu aux
êtres organisés qui ont le sang rouge, et respirent par
des branchies. Otez-leur un de ces deux caractères, et
vous n’aurez pins un poisson sous les yeux ; privez-les^
par exemple, de sang rouge, et vous pourrez considérer
une sépie, ou quelque autre espece de ver, a
laquelle des branchies ont été données. Rendez-leur ce
sang coloré, mais remplacez leurs branchies par des
poumons ; et quelqu’habitude de vivre au milieu des
eaux que vous présentent alors les objets de votre examen
, vous pourrez les reléguer parmi les phoques, les
lamantins, ou les cétacées ; mais vous ne pourrez, en
aucune manière, les inscrire parmi les animaux auxquels
cette histoire est consacrée.
Le poisson est donc un animal dont le sang est
rouge, et qui respire au milieu de l’eau par le moyen
de branchies.
Tout le monde connoît sa forme générale; tout le
monde sait qu’elle est le plus souvent alongée, et que
l’on distingue l’ensemble de son corps en trois parties,
la tête , le corps proprement dit, et la queue , qui
Commence à l’ouverture de l’anus.
Parmi les parties extérieures qu’il peut présenter, il
en est que nous devons , dans ce moment, considérer
avec le plus d’attention, soit parce qu’on les voit sur
presque tous les animaux de la classe que nous avons
sous les yeux, soit parce qu’on ne les trouve que sur
un très-petit nombre d’autres êtres vivans et à sang