XXX D I S C O U R S
longueur. Cette dernière sécrétion est cependant un
peu moins liquide dans les poissoris que dans les autres
animaux; et n’a-t-elle pas cette consistance un peu plus
grande, parce qu’elle participe plus ou moins de la
nature huileuse que nous remarquerons dans toutes les
parties des animaux dont nous publions l’histoire.
Maintenant ne pourroit-on pas considérer un moment
la totalité du corps des poissons comme une sorte
de long tuyau, aüssi peu uniforme dans sa cavité intérieure
que dans ses parties externes? Le canal intestinal,
dont les membranes se réunissent à.ses deux extrémités
avec les tégumens de l’extérieur du corps, représen-
teroit la cavité alongée et tortueuse dé cette espèce
de tube. Et que l’on ne pense pas que ce point de
vue fût sans utilité. Ne pourroit-il pas servir, en effet
à mettre dans une sorte d’évidence ce grand rapport
de conformation qui lie tous les êtres animés, ce modèle
simple et unique d’après lequel l’existence des
êtres vivans a été plus ou moins diversifiée par la
puissance créatrice? Et dans ce long tube, dans lequel
nous transformons, pour ainsi dire, le corps du poisson
, n’apperçoit-on pas à l’instant ces longs tuyaux qui
composent la plus grande partie de l’organisation des
animaux les plus simples, d'un grand nombre de polypes?
Nous avons jeté les jeux sur la surface extérieure
et sur la surface interne de ce tube animé qui représente,
un instant, pour nous, le corps des poissons.
Mais les parois de ce tujau ont une épaisseur; c’est
dans cette épaisseur qu’il faut pénétrer; c’est là qu’il
faut chercher les sources de la vie.
Dans les poissons, comme dans les autres animaux,
les véritables sucs nourriciers sont pompés au travers
des pores dont les membranes de l’intestin sont criblées.
Ce cbjle est attiré et reçu par une portion de
ce sjstême de vaisseaux remarquables, disséminés dans
toutes les parties de l’animal, liés par des glandes
propres à élaborer le liquide substantiel qu’ils transmettent,
et qui ont reçu le nom de vaisseaux lactés ou
de vaisseaux lymphatiques, suivant leur position , ou,
pour mieux dire, suivant la nature du liquide alimentaire
qui les parcourt.
Les bornes de ce discours et le but de cet ouvrage
ne nous permettent pas d’exposer dans tous ses détails
l ’ensemble de ces vaisseaux absorbans;, soit qu’ils contiennent
une sorte de lait que l’on nommé chjle, ou
qu’ils renferment une Ijmphe nourricière; nous ne
pouvons pas montrer ces canaux sinueux qui pénètrent
^Usques à toutes les cavités, se répandent auprès de
tous les organes, arrivent à un si grand nombre de
poiuts de la surface, sucent, pour ainsidire, par-tout
les fluid es surabondans auxquels ils atteignent , se
réunissent, se séparent, se divisent, font parvenir jusqu’aux
glandes qu’ils paroissent composer par leurs
circonvolutions, les sucs hétérogènes qu’ils ont aspirés,
les j modifient par le mélange, les j vivifient par