avons discuté dans nos cours publics, dès l’an 3 ; continuons
cependant, quelle que soit la source d’où
découle cet oxygène, d’exposer les phénomènes relatifs
à la respiration, dés poissons.
Pendant l’opération que nous examinons, le sang de
ces animaux non seulement se combine avec le gaz
qui lui donne la couleur et layie, mais encore se dégage,
par une double décomposition, des principes qui l’altèrent.
Ces deux effets paroissant, au premier coup
d’oeil, pouvoir être produits au milieu de l’atmosphère,
aussi-bien que dans le sein des eaux, on ne voit pas
tout d’un coup pourquoi, en général,;des poissons ne
vivent dans l’air que pendant un temps assez court,
quoique ce dernier fluide puisse arriver plus facilement
jusques sur leurs branchies, et leur fournir bien plus
d’oxygène qu’ils n’ont besoin d’en recevoir. On peut
cependant donner plusieurs raisons de ce fait remarquable.
Premièrement, on peut dire que l’atmosphère,
en leur abandonnant de l’oxjgène avec plus de promptitude
ou en plus grande quantité que l’eau, est pour
leurs branchies ce que l’oxvgène très-pur est pour les
poumons de l’homme, des quadrupèdes , des oiseaux et
des reptiles; l’action vitale est trop augmentée au milieu
de l’air, la combustion trop précipitée, l’animal, pour
ainsi dire, consumé. Secondement, les vaisseaux artériels
et veineux, disséminés sur les surfaces branchiales,
n’étant pas contenus dans l’atmosphère par la pression
d’un fluide aussi pesant que l’eâu , cèdent à l’action du
sang devenue beaucoup plus vive , se déchirent, produisent
la destruction d’un des organes essentiels des
poissons, causent bientôt leur mort; et voilà pourquoi,
lorsque ces animaux périssent pour avoir été pendant
long-temps hors de l’eau des mers ou des rivières, on
.voit leurs branchies ensanglantées. Troisièmement
enfin, l’air, en desséchant tout le corps des poissons , et
particulièrement le principal siège de leur respiration ,
diminue et même anéantit cette humidité, cette onctuosité,
cette souplesse dont ils jouissent dans l’eau,
arrête le jeu de plusieurs ressorts, hâte la rupture
de plusieurs vaisseaux et particulièrement de ceux qui
appartiennent aux branchies. Aussi verrons-nous, dans
le cours de cet ouvrage, que la plupart des procédés
employés pour conserver dans l’air des poissons en vie
se réduisent à les pénétrer d’une humidité abondante,
et à préserver sur-tout de toute dessiccation l’intérieur
de la bouche, et par conséquent les branchies; et, d’un
autre côté, nous remarquerons que l’on parvient-à,faire
vivre plus long-temps hors de l’eau ceux de ces animaux
dont les organes respiratoires sont le plus à l’abri
souS un opercule et une membrane qui s’appliquent
exactement contre les bords de l’ouverture branchiale,
ou ceux qui sont pourvus , et, pour ainsi dire ,
imbibés d'une plus grande quantité de matière visqueuse,
Cette explication paroîtra avoir un nouveau degré de
force, si l’on fait attention à un autre phénomène plus